Ce corps placide auprès duquel je reposais,
Et mon cœur, feuille solitaire et obstinée
Qui ne veut pas mourir bien qu’aient péri racine et branche ?
Bien que, réchauffé dans les ténèbres entre les seins de la Mort,
Cet autre sein ait oublié où je reposais,
Et que de l’arbre se soient détachées les feuilles du souffle,
Il est encore une feuille obstinée qui ne veut pas mourir
Mais sans repos dans la terre triste et amère,
Meurt à chaque aube et renaît à chaque crépuscule.
*
Did I know love once? Was it love or grief,
This grave body by where I had lain,
And my heart, a single stubborn leaf
That will not die, though root and branch be slain?
Though warm in dark between the breasts of Death,
That other breast forgot where I did lie,
And from the tree are stripped the leaves of breath,
There’s still one stubborn leaf that will not die
But restless in the sad and bitter earth,
Gains with each dawn a death, with dusk a birth.
***
William Faulkner (1897-1962) – A Green Bough (1933) – Le Rameau vert, précédé de Le Faune de marbre (Poésie/Gallimard, 1992) – Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par René-Noël Raimbault et Alain Suied.