En 2011, selon l' Enquête nationale auprès des ménages, le Canada comptait près de 500 000 hindous. C'est un nombre qui ne cesse d'augmenter, puisque dans 10 ans, selon Diana Dimitrova, professeure titulaire de l'institut d'études religieuses de l'Université de Montréal, le Canada en comptera près de deux millions.
Le premier temple Hindou du Québec a été bâti dans les années 1980 et est situé sur la rue Bellechasse, à Montréal. Il est toujours en activité aujourd'hui.
Rites funéraires
Dans l'Hindouisme, la crémation occupe une place très importante. Après la mort, il est de coutume d'incinérer la dépouille de la personne décédée. Les seules personnes autorisées à effectuer ce rituel sont des prêtres spécifiques qui sont toujours de sexe masculin. La famille du défunt est considérée comme impure pendant 13 jours et doit effectuer des rites de purification avant de se joindre de nouveau à la société.
" Avec la Covid-19, beaucoup de gens ne peuvent assister aux rites funéraires. Il n'est donc pas possible de dire au revoir à ses proches ", raconte Mme Dimitrova. Plusieurs personnes ont cependant pu assister à des cérémonies par vidéoconférence. En général, un représentant par famille pouvait être présent sur place, mais devait être habillé avec de l'équipement de protection. " Ça alourdit beaucoup les deuils et les possibilités de dire au revoir ", déplore Mme Dimitrova.
Avant la crémation, on enveloppe le corps d'un drap blanc, puis les proches masculins portent le corps jusqu'à l'endroit de la crémation. En général, cette étape est effectuée près d'un fleuve, sacré, de préférence, comme le Gange qui est situé en Inde.
Normalement, seules les personnes âgées de plus de 12 ans sont admissibles à la crémation. Dans certaines régions cependant, l'âge minimal est fixé à 5 ans. Les enfants en bas de cet âge sont enterrés ou souvent simplement jetés dans le fleuve, ce qui peut donner lieu à des visions déplaisantes. " En Inde, près de lieux funéraires sur les fleuves, on peut voir les chiens errants qui mangent les restes d'enfants, lavés au bord des rivières. Beaucoup de gens en Inde déplorent cette situation ". se remémore Mme Dimitrova. Les cendres issues des crémations sont également jetées dans le fleuve.
Retour aux sources
Les Hindous préfèrent idéalement amener la dépouille en Inde afin de pouvoir y faire les rites appropriés sur place. Mais quand c'est impossible, et d'autant plus en cette période de pandémie, les gens se débrouillent autrement. Selon Mme Dimitrova, au Québec et au Canada, certains Hindous disposeraient des cendres de leurs proches dans des cours d'eaux locaux, comme les fleuves. " Il n'y a pas d'étude faite à ce sujet, mais on pourrait dire que certains le font, même s'ils savent que c'est interdit et que ça pose un problème environnemental ", signale-t-elle. D'autres choisissent plutôt de conserver les cendres jusqu'à pouvoir aller en Inde pour en disposer.
" L'Inde c'est aussi le pays sacré, c'est où, dans le meilleur des cas, on aimerait mourir pour être sauvé. Il y a beaucoup de gens qui abandonnent tout et qui se rendent en Inde pour y attendre leur décès ", constate Mme Dimitrova. Certaines personnes pourraient choisir d'y aller afin de commettre un suicide religieux. Ils auraient ainsi la certitude d'être au bon endroit lors de leur décès.
Mme Dimitrova déclare aussi que les rites funéraires peuvent certes aider les proches à faire leur deuil, mais servent principalement à permettre une meilleure renaissance au défunt. " C'est très important de suivre tous les rites possibles. Ainsi, la personne décédée peut obtenir une meilleure renaissance et peut-être même s'échapper du cycle de transmigration, le Saṃsāra. Mokṣa, ou libération du Saṃsāra, c'est le but suprême de chaque hindou ", conclut-elle.