Charles Belle est né dans le Doubs, il a fait ses études aux Beaux Arts de Besançon. Et cette année Jura et Doubs l’exposent en sept lieux. (Je n’ai vu que l’exposition de Arc-et-Senans, à la Saline). Cette grande rétrospective du célèbre peintre dure jusqu’au 15 janvier 2023.
extraitDès l’escalier monumental de la Maison du Directeur, au coeur de la Saline, on est happés par plusieurs oeuvres au-dessus de notre tête: grands motifs rouges sur immenses toiles noires (impressions sur tissus à rideaux?). Spectaculaire! C’est l’adjectif que je retiens à priori pour qualifier le travail de Charles Belle. Je corrigerai quelque peu tout à l’heure!
Première salle. Dimensions grandioses. Clarté. Les peintures de Charles Belle explosent sur les murs. Je suis à nouveau happée! Je m’assois! En très grands formats (2m sur 3 le plus souvent), voici l’eau d’un torrent qui galope sur des rochers, qui éclabousse et projette son écume. Je regarde un moment. Et, bientôt, l’évident réalisme du tableau s’écarte, laissant la place à l’évidence du geste pictural. La force (et le plaisir) de l’artiste qu’il met dans cette composition, je la perçois. Ce ruisseau de montagne, en gros plan, devient une émotion, une sensation… Il traduit je ne sais quel élan, quelle fougue!
Derrière moi, ce sont d’autres peintures géantes, des herbes. Un fouillis de grandes herbes, en vue rapprochée. C’est facile de plonger! Mais, là encore, le mouvement qui se dégage de la toile n’est plus seulement l’ondulation de la prairie chatoyante. C’est la danse du bras de l’artiste elle-même que je sens, le balancement de sa main et de son corps tout entier, en cadence avec le pinceau.
Les salles suivantes montrent des fleurs, en grand format également et en vues très rapprochées. Ça vibre. C’est duveteux, soyeux, translucide, rayonnant… Des fleurs, certes. Mais aussi l’expression de la caresse, du toucher fragile et timide, du parfum subtil, du froissement éphémère. L’acte pictural relève parfois de la pure poésie. Je pense que c’est le cas ici. Même si la virtuosité avérée peut gêner … Ça peut arriver que la grande maîtrise de la technique, admirable, empêche la vraie émotion. (Ne pas hésiter à venir tout près de la toile, surtout s’il n’y a pas de vitre! A scruter la trace du pinceau, la coulure, la traînée, la superposition etc. Et puis, s’éloigner lentement!! On comprend mieux le génial travail du peintre!)
Dans le bâtiment voisin, la Berne Ouest, Charles Belle présente une installation que je peux vraiment cette fois qualifier de spectaculaire (et très réussie)! Sous la gigantesque charpente en bois, sont accrochés des cylindres monumentaux, tendus de toile noire. Là-dessus apparaissent les peintures de l’artiste, fleurs, herbe, eau et arbres, illuminées de l’intérieur. Telles de grandes lanternes. On se promène dans cette étrange forêt, le nez en l’air, dans la nuit de la salle… (Cette exposition-là ne dure que jusqu’au 23 octobre)
Ma peinture préférée de cette exposition à la Saline: « Encore cette source »