Le présent article remplace le précédent portant le titre – la victoire de l’extrême droite en Italie : un événement majeur, une interprétation désastreuse. Toutefois, il est plus long, certaines erreurs ont été corrigées. Même si vous avez déjà lu le précédent, je vous invite malgré tout à prendre connaissance de celui-ci. Nota bene : une publication sur le même sujet dans la collection en bref, sera mise en vente prochainement sur Amazon.
Une interprétation catastrophique comme pour le mur de Berlin
J’avais, dans un article précédent, dénoncé la désastreuse interprétation de l’effondrement du mur de Berlin. L’écrasante majorité des intellectuels avaient vu cet événement comme l’effondrement du communisme et la victoire du système démocratique libéral.
Il n’en fut rien, l’effondrement du mur de Berlin n’avait eu d’autre signification que son effondrement. Toutes les interprétations qu’on en avait faites se sont révélées vaines. La guerre en Ukraine en est la meilleure preuve. Et je crains bien que ce ne soit pas fini.
Je tenais donc, en préambule, à souligner les graves erreurs d’interprétation d’une écrasante majorité d’intellectuels occidentaux.
Malheureusement, ce qui était vrai pour le mur de Berlin, l’est actuellement, concernant l’extrême droite et son ascension. Sur des erreurs de jugement on construit tout un édifice de raisonnements et d’hypothèses strictement incorrectes, mais qui s’imposent comme des vérités absolues. Lorsqu’on s’apercevrait que ces intellectuels avaient tout faux depuis le début, il serait malheureusement trop tard, il ne serait plus possible de faire marche arrière. Le mal est déjà fait, et ce n’est pas n’importe lequel.
Intellectuels, approximations et incompétences
Ces interprétations erronées sont dues au fait que nous sommes dans l’époque des approximations, des incuries et des incompétences. Incompétences et approximations qui sont le fait de prétendus intellectuels médiatisés tels que Francis Fukuyama, Samuel Huntington pour ne citer qu’eux.
Je souligne ce phénomène lors de mes publications, que ce soit par écrit ou par vidéos. Si vous appréciez mes analyses, vous pouvez, donc, acquérir mes différents essais :
– La fabrique du choc des civilisations. Une critique de la thèse de Samuel Huntington
– La fin de l’histoire n’aura pas lieu. Une critique de la thèse de Francis Fukuyama
– Michel Onfray, la maladie de Cassandre
– Cancel et contre cancel culture. Une méchanceté bienheureuse
Avec mes essais, vous aurez l’occasion de découvrir des opinions qui diffèrent de celles communément imposées par l’élite bien-pensante.
Les Maghrébins, les bouc émissaires d’une Europe qui s’auto délite
L’élection avec brio de Georgia Meloni et de son parti dit d’extrême droite est très mal interprétée. Cette erreur risque d’être tragique pour l’Europe. En effet, quels que soient les partis de l’extrême européenne, ils chantent victoire contre les Maghrébins. Et, pourquoi pas, fêter le début de la Reconquête ! Pour l’exprimer autrement, mettre à la porte les Maghrébins. C’est là une erreur suicidaire.
Concernant la population marocaine en Italie, revenir chez elle ne pose pas le moindre problème. Au contraire, cette hypothèse, inconcevable il y a quelques années, est de plus en plus crédible et possible.
Je ne saurais dire si l’extrême droite – qui possède un minimum de bon sens et malgré son nom – voudrait de cette solution extrême. Elle signifierait, à coup sûr, la ruine de l’Italie.
En effet, chasser les Marocains de l’Italie, entrainera, fatalement, la rupture diplomatique avec le Maroc. Un désastre uniquement pour l’Italie. L’Espagne en sait quelque chose.
Vous chassez les Marocains de l’Italie, et même si le Maroc, traditionnellement, ne chasse personne, les Italiens quitteront le Maroc d’eux-mêmes.
Je voudrais juste souligner que la population marocaine par ses valeurs anciennes, ses traditions de famille, de respect des parents, constitue l’ultime édifice contre l’effondrement totale des mœurs dans une Italie qui perd ses valeurs.
Retour au souverainisme de l’avant-guerre et de l’avant Union de l’Europe
Je peux le dire avec certitude, la population maghrébine et les supposés problèmes qu’elle pose, ne sont qu’un prétexte. Un prétexte à quelque chose de beaucoup plus grave, d’enraciné profondément dans la mentalité de l’extrême Européenne. En ce sens, Georgia Meloni a été des plus claire :
– Retour aux valeurs chrétiennes.
– Retour aux valeurs de famille.
– Retour aux valeurs du travail.
– Retour à la nation souveraine.
– Nostalgie du passé puissant de l’Italie.
Si ces principes, en eux-mêmes, sont honorables, leur utilisation conduit toujours, comme par le passé, vers la même dérive désastreuse que l’on connaît parfaitement. C’est-à-dire, le retour aux conflits que l’on a connus au cours des décennies et des siècles antérieurs, et qui ont ensanglantés l’Europe.
Les intellectuels, toujours à l’affût de bêtises, au lieu d’analyser ce phénomène, d’en appréhender l’origine dans le but d’apporter des solutions de paix et d’apaisement se contenteront de gémir et de dispenser une hargne irrationnelle sur Meloni et ses amis. Mais, lorsqu’on est aussi incompétent qu’approximatif, on ne peut se comporter que de cette manière.
Mussolini et l’esprit du passé
Ce à quoi nous assistons est le retour au fascisme du passé, et au Mussolinisme. Fascisme au sens péjoratif du terme. Sous l’aspect d’une dame de la quarantaine, respirant la respectabilité et arborant de froids yeux verts, Meloni affiche sans complexe sa froide détermination, et sa nostalgie puissante du passé.
Par l’humiliation qu’elle a subie lors de la Seconde Guerre mondiale, par toutes les fausses analyses de son histoire, par tous les films que l’on a faits sur elle, par tous les écrits, l’Italie de Meloni et de ses amis ne rêve que de sa revanche. Une revanche qui a mis longtemps à se réaliser, une revanche qui est née dans les frustrations d’une Europe perçue comme castratrice. Pour l’extrême droite italienne ou non, les victoires sont belles quand elles tardent à venir. Les amertumes qui suivront cette aventure risquent d’être dévastatrices.
Les critiques contre l’Italie, les propos d’aberrations, voire les invectives ne feront que réconforter, puis consolider une population italienne davantage dans son idéologie. Idéologie qui a été l’une des conséquences, justement, de ces mêmes intellectuelles outrés.
La cancel culture, la tyrannie, la dictature de la pensée, ainsi que d’autres conduites irresponsables, auraient largement contribué à l’émergence de formations politiques nouvelles et extrêmes. Formation, supposées ne pas trahir les peuples.
Sur cette assise populaire de base, empêchée de réfléchir par elle-même, viennent se greffer les scandales des hommes et des femmes politiques. Ceux-là mêmes supposées porter de grandes vertus. Cela aboutit à ce raisonnement simple :
– Tous mentent.
– Tous nous veulent du mal.
– Tous les mêmes.
– Seule l’extrême droite nous veut du bien.
Cela aura pour conséquence de faire évoluer l’euroscepticisme vers le souverainisme, ensuite vers la séparation d’avec la communauté européenne. L’étape suivante qui en résulterait, inexorablement, ce seront les conflits entre les pays fidèles à l’Europe et l’Italie. Les gesticulations des intellectuels n’échangeront rien.
Ce n’est là, qu’une étape préliminaire à quelque chose d’autrement plus grave, le retour toujours possible aux anciens conflits.
Une idéologie souterraine, toujours présente
La montée de l’extrême droite, son idéologie, ne sont que le reflet d’idées sous-jacentes non exprimées :
– Le rejet du mariage homosexuel
– Le rejet des identités trans.
– Le rejet du délitement des mœurs.
– Le rejet de l’hyper sexualité des adolescentes.
– Le rejet du changement de sexe à un âge très jeune.
Que l’on ne me fasse pas dire ce que je ne dis pas. Je ne fais que reporter des idées clairement exprimées à travers les déclarations de penseurs, et à travers les publications des courants traditionalistes.
À côté des sentiments de rejets, il y a également ceux des adhésions :
– Le retour à une tradition purement et strictement italienne.
– Le retour à la religion chrétienne en tant culture italienne.
– Le retour au passé et à son histoire glorieuse.
– Probablement réhabiliter Mussolini.
La liste est probablement plus longue que ce que je ne propose.
Il est, en effet possible, que beaucoup d’Italiens pensent que ce qu’ils perçoivent comme une dérive de leur société est imposé par l’Union européenne. Union européenne qui apparait comme le responsable principal de toutes les désintégrations de la société italienne, de ses traditions, de ses valeurs.
Un vrai choc de civilisation entre Européens ; le retour au tyran éclairé
Avec l’élection de l’extrême droite en Italie, à laquelle suivront d’autres pays, nous sommes, me semble-t-il, dans le choc grave des civilisations. Mais, pas entre l’Italie et les musulmans, comme le disent avec force et conviction certaines personnes telles que Zemmour et compagnie. Nous assistons à un choc civilisationnel entre Européens eux-mêmes ! J’insiste sur cet élément de toutes mes forces.
La victoire de Viktor Orban en Hongrie ne fut que le prélude d’un mouvement inexorable vers lequel se dirige une partie des populations européennes :
– Le retour aux anciens temps.
– Le maintien de l’ordre par des figures charismatiques et puissantes.
– L’émergence du despote éclairé.
Ceci est la conséquence de toutes les frustrations imposées par une intelligentsia aveuglée par sa vanité, par ses contradictions et ses incompétences. Nous le savons parfaitement, cela mène à la guerre.
Le retour à l’antisémitisme toujours possible
Une logique s’impose aux partis d’extrême droite. En effet, s’ils peuvent reprocher aux Maghrébins certains faits, je ne vois pas comment ils pourraient leur mettre sur le dos l’explosion de la famille. La structure même des Arabes musulmans est, justement, la cohésion familiale.
Comme il faut à tout prix trouver un coupable, cela fait partie de l’histoire de l’Europe, il est possible que reviennent les horreurs de l’antisémitisme.
Lors de l’émergence de Jean-Marie Le Pen, j’avais dit que la population visée n’était pas les Maghrébins, mais bien la population juive. Personne ne m’avait cru. Malheureusement, les faits m’ont donné raison au vu des dérives sémantiques antisémites de cet homme vieillissant.
L’antisémitisme ne se fera pas de façon directe ou ostentatoire, du moins dans un premier temps. Il prendra l’allure de la respectabilité et des interrogations telles que : Ils ou Eux. Remplacer ces deux mots par le mot juifs. Ce même antisémitisme s’exprimera à travers des livres comme – qui a trahis Anne Frank ? –. J’ai déjà répondu à cette publication dans l’un de mes articles :
QUI A TRAHI ANNE FRANK ?
Comme je le dis dans tous mes ouvrages – voir liste plus haut – il y a une différence importante entre le système comme le perçoivent superficiellement les intellectuels, et les hommes qui portent ce système. Le fait que les Italiens déclarent leur attachement à l’Europe, le fait qu’ils continuent de jouer le jeu d’un système démocratique, ne signifie nullement leur adhésion aux valeurs européennes. Comme je l’ai déjà souligné plus haut, la cancel culture et la dictature de la pensée les empêchent d’exprimer le fond de leur cœur et de leurs pensées. Ils l’exprimeront à chaque fois que cela est possible. Les diatribes décomplexées contre les maghrébins ont fait sauter les verrous des contraintes, et ont permis l’expression au grand jour d’une idéologie jusque-là inhibée. L’antisémitisme latent en fait partie.
Ce qui est dérisoire est que, ceux-là mêmes qui sont responsables de cet état, s’en trouveront offusqués.
L’inexorable progression de l’extrême droite en Europe et son impossible jugulation
Ceux qui suivent de près l’histoire de l’Europe savent que Guillaume II le kaiser avant la guerre de 1914, et au vu des dégâts qu’elle pourrait provoquer, avait demandé à ses généraux d’arrêter toutes les manœuvres offensives. Les militaires lui auraient répondu que c’était trop tard. La suite nous ne la connaissons que trop bien, les guerres de tranchées.
Je crains bien que l’histoire ne se répète, immanquablement la même. À ce stade de l’évolution des mentalités induites par des intellectuels irresponsables, j’appréhende que l’on ne puisse faire marche arrière. La victoire de Meloni en Italie sera suivie par d’autres dans les pays de l’Europe. Il s’agit là, malheureusement, d’un mouvement inexorable du destin. Jean Jaurès n’a jamais pu arrêter quoi que ce soit. C’est plutôt lui qu’on a arrêté. Les quelques voix de la raison, soit se tairont de peur des représailles, soit seront purement et simplement celées.
Après l’euphorie de la victoire, les amertumes de la déception
C’est une évolution indéniable, s’il est dans un premier temps facile de tout mettre sur le compte des Maghrébins, il en sera autrement lorsque ceux-ci quitteront le pays. Chose que ne désire surtout pas l’extrême droite qui ne bâtit sa rhétorique et son idéologie que sur leur présence. Une partie des Maghrébins, essentiellement les Marocains, retourneront dans leur pays d’origine. En effet, leur situation deviendra tellement critique qu’ils préféreront vivre dans la dignité et l’honneur chez eux, au Maroc.
Après l’euphorie des élections, succède toujours la confrontation avec les réalités. Ce ne sont pas les Arabes musulmans qui sont responsables du délitement de leur société, mais bien leurs intellectuels.
Au contraire, les Maghrébins, portent viscéralement et par tradition, ce que eux-mêmes, européens, ont perdu. Il est vrai, comme ledit Surcouf, on ne se bat que pour ce qui nous manque.
Rien n’est pire que les déceptions qui suivent les joies extrêmes. Les déceptions, les amertumes, les fausses espérances, la confrontation avec la réalité douloureuse, voici ce qui attend les Européens lorsqu’ils se réveilleront de leurs rêves de chimères.
Bien sûr, il y aura toujours les habituels coupables, les Maghrébins. Jusqu’à quand ?
L’impossible solution
À ce stade de l’état d’esprit de l’Europe, toute tentative pour y trouver une solution est illusoire. Comme on le dit si bien dans les salles de jeux, la partie est finie, rien ne va plus. En effet, la cancel culture, la dictature de la pensée, le dévoiement de la démocratie ont causé des dégâts indéniables qui ne sauraient cicatriser que par les extrêmes.
L’autre problème, et il est de taille, ceux qui voudraient apporter des réponses adéquates, sont ceux-là mêmes qui ont causé la situation actuelle. C’est dire combien l’Europe s’empêtre dans un cercle vicieux.
J’ai bien peur, et je souhaite vivement me tromper, que ces hommes sont restés les mêmes. Ceux-là mêmes qui font les affrontements fratricides.
Avec la guerre de l’Ukraine, toutes les incertitudes possibles
Avec la guerre de l’Ukraine aux portes de l’Europe, les spéculations les plus périlleuses peuvent se métamorphoser en une triste réalité. En effet, il est clair que l’Europe a abandonné la sagesse de la paix, pour le chemin hasardeux du conflit. Si on sait parfaitement débuter une confrontation, on ne sait comment l’arrêter, pas plus qu’on ne sait quelles en seraient ses conséquences.
Toutefois, les premières conséquences sont bel et bien présentes :
– Une crise économique et sociale
– Un choc de civilisation là où on l’attendait le moins.
– Une progression vers la rupture entre l’Europe et les pays arabes musulmans. Rupture inexorable ?
– La création d’un autre pôle économique qui se dessine déjà, délaissant la vieille Europe, selon une expression consacrée.
En fait, pour conclure, je ne peux, donc, que déplorer les malheureuses approximations et les incompétences des intellectuels. On peut déjà dire répondre à une question : jusqu’à où iraient les mouvements intellectuels dans leur dictature ? Malheureusement, la réponse se dessine, elle s’appelle Meloni. Je crains bien que l’Europe ne soit en train de succomber, une fois de plus, aux démons du passé.
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