On dresse généralement le portrait dès lors qu'un personnage a acquis un statut important et par conséquent a atteint "l'âge mûr" ou souvent bien avancé. C'est sous ce jour que Richard Grindall apparaît dans ce médaillon peint en 1808, alors contre-amiral après s'être illustré à maintes reprises au sein de la flotte militaire anglaise.
Il est toujours difficile d'imaginer dans ces physionomies les jeunes hommes que ces notables ont dû être.
Celui-là, il a déjà navigué 8 ans avant de s'embarquer un jour de janvier 1772, à 21 ans, pour l'inconnu sur le HMS Resolution. Direction : l'hypothétique Terra Australis !
Dès le second voyage de Cook, les marins avaient compris l'intérêt de troquer des objets, vêtements, clous contre la "pacotille des sauvages", car ces "artificialia" devenaient prisées sur les quais de Londres.
C'est ce que fit le jeune Grindall. De ses échanges, on peut voir actuellement exposés à la Galerie Bacquart, deux peignes, l'un provenant des Tonga et l'autre de Nouvelle-Calédonie.
Outre les objets en eux-mêmes, dont on admirera la finesse de réalisation, ce sont des fenêtres de petite histoire qui s'entrouvrent au sein des pages d'Histoire. Lorsqu'on a de telles oeuvres en main, on se plait à replonger dans les récits d'expéditions pour trouver les indications précises des collectes dans la documentation, c'est ce qui a été fait ici. C'est un voyage en soi.
Jean-Baptiste Bacquart présente encore une petite aquarelle de la Resolution peinte lors de l'escale des navires à Matavaï (Tahiti) fin août 1773. On connaît bien les oeuvres de William Hodges, le peintre officiel du second voyage mais moins une miniature de la sorte réalisée par Henry Roberts, alors cartographe.
Comme Grindall, il fait partie de ces marins associés à de grands capitaines et dont l'Histoire n'a pas retenu les noms. L'occasion de voir dessins et objets permet aussi de les sortir de l'oubli et de nous pencher sur ces autres destins, souvent hors du commun.