capturer... c'est ça j'aimerais juste parvenir à figer ou conserver quelque chose... tu vois la force d'un moment, capturer l'instant, la sensation... surtout rien d'autre quoi rien de plus élaboré.
Voilà le projet poétique d'Igor tel qu'il le présente à son ami le narrateur, à qui il confie la mission impossible pour lui de trouver un éditeur pour son recueil de poèmes.
Les poèmes de ce vagabond ébloui, reproduits ici, ont des titres et des contenus conformes à ce projet de Captures: Prégnance, Infini Regard, Périscope, Déliquescence.
Les titre et sous-titres du livre de Vincent Gilloz évoquent plutôt une hybridation, que symbolise l'image du couple improbable d'un arbre et d'un réverbère enlacés1:
L'écorce du réverbère
Roman
Prose poétique
Or c'est bien cette gageure que le narrateur doit soutenir après qu'il a rencontré un éditeur connu, intéressé par ses poèmes, mais qu'il voudrait quelque peu romancés:
vous ne croyez pas que la distinction entre roman et poésie est difficile à faire?
Car le narrateur s'est bien présenté comme leur auteur et, piégé, maintenant doit assumer cette exigence, sans être sûr qu'elle ait l'heur de plaire du tout à son ami Igor.
Le texte, hybride donc, met en italiques l'accouplement de l'arbre et du réverbère, entre guillemets le récit secret du narrateur et en prose l'histoire proprement dite.
Comme il n'est guère de ponctuation dans ce roman, il faut lâcher prise, se laisser emporter par le rythme. Étrange, voire étranger, il devient alors familier et savoureux.
Car, le narrateur a un regard infini sur les mondes de l'édition, de l'écriture, des enregistrements musicaux et des concerts, sur les relations de couple et la marginalité...
Francis Richard
1 - La photo de couverture le représente...
L'écorce du réverbère, Vincent Gilloz, 154 pages, Éditions des Sables