« Le moment de notre mort est incertain, car notre vie est aussi brève que celle d’une fleur d’été ou d’un arc-en-ciel. Le Dieu de la mort vient aussi vite que l’éclair. »
Certains bébés meurent dans le ventre de leur mère. D’autres meurent de mort naturelle dans le ventre de leur mère lors d’une fausse couche. D’autres encore meurent d’un avortement. Certains meurent juste après leur naissance. D’autres ont de très graves maladies, de sorte qu’ils peuvent à peine profiter de la vie. On peut voir des gens mourir à tout âge. De même, nous n’avons aucune idée du temps que nous allons vivre. Nous sommes dans la position difficile d’avoir à prendre soin de nous-mêmes, de penser à notre futur et de planifier des choses parce que la vie devient plus chère et que lorsqu’on est vieux, on doit être capable de se débrouiller. Mais en même temps, nous ne savons pas si nous serons vivants pour profiter de notre belle retraite, à supposer que nous en ayons une.
Ces réflexions ont pour objectif de nous éveiller au fait que la situation dans laquelle nous sommes et qui peut sembler si attrayante, si séduisante et intéressante est en réalité un lieu extrêmement dangereux, et cela est souvent difficile à voir. Un ami vous dit : « oh, on ne s’est pas vu depuis longtemps. Viens, sortons boire un verre ! » Et vous pensez : « Hé, voilà qui est chouette ! » Et alors vous sortez et vous buvez quelques bières, et vous parlez de choses et d’autres, et vous vous dites que c’est vraiment bon d’être avec cette ami. Il prête beaucoup d’attention aux histoires que vous lui racontez sur votre vie. Vous vous sentez donc compris et vous avez le sentiment qu’il vous estime. Mais ce cher ami vient juste de vous empoisonner. Car tandis qu’il vous accorde cette attention et témoigne d’un grand intérêt pour votre vie, l’information qu’il voûte transmet – et qu’il vous confirme -, c’est que les détails insignifiants de votre vie sont vraiment importants. Vous obtenez donc la confirmation que votre patron est réellement ignoble ou que votre conjoint ne vous traite pas correctement.
Même ici, dans notre sangha, si quelqu’un dit : « Je ne sais pas ce que j’ai fait et voici ce qui s’est passé… », les gens ont tendance à écouter. Ils ne disent pas : « Pourquoi ne récites-tu pas quelques mantras, au lieu de raconter cela ? C’est ennuyeux et inutile de parler de cette façon. » Une telle réponse passerait pour très impolie, mais elle serait aussi très utile. Mieux vaut donc être impoli. Mais nous sommes polis et nous laissons les gens dire n’importe quoi, tout le temps.
Nuden Dorjé - Le miroir au sens limpide.
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