Il suffisait d'écrire dans un billet précédent que Ferrara était une petite ville tranquille pour se retrouver à Parma, dans une petite ville quasiment aussi tranquille que Ferrara. Le centre historique de Parma surprend d'abord par sa dimension réduite; sur les cartes on estime les distances (je ne consulte pas toujours l'échelle de prime abord) et on se retrouve à rejoindre les points d'intérêts en quelques minutes!
Bref, Parma est plus petit et plus tranquille que je ne l'avais imaginée - vu la célébrité de l'endroit pour la cuisine italienne (donc pour les "foodies" qui font du tourisme gastronomique) - étant l'endroit d'origine du proscuitto et du parmesan. Il y avait certes aujourd'hui plus de tourisme et d'action qu'à Ferrara, mais ça demeurait quelques groupes isolés ou quelques groupuscules de touristes indépendants, et la ville elle-même ne s'est animée que passé midi.
Il y a plusieurs églises et musées à voir à Parma. Trois musées et le théâtre forment toutefois un complexe à billet unique, avantageux pour celui que les 4 endroits intéressent, mais trop cher pour celui qui comme moi, aurait voulu voir le théâtre uniquement ou un des musée... L'intérêt des églises et musées de Parma repose essentiellement sur les fresques, chaque édifice en est recouvert, c'est assez impressionnant. Comme les fresques intérieures ne font pas des photos spectaculaires, je n'en publierai pas nécessairement ici, mais ça demeure fort intéressant de parcourir les différentes églises du centre-ville pour les admirer.
Sinon, il y a le Duomo (cathédrale) qui est flanquée d'un baptistère (photo) octogonal réalisé en partie en «marbre rose» de Vérone, ce qui lui donne une allure assez douce dans le paysage de la piazza devant la cathédrale, un endroit calme et agréable.
Cet exemple de dôme intérieur et de fresques ne provient pas du Duomo, mais de l'église Madonna della Steccata, construite selon des plans pour St-Pierre de Rome qui n'avaient pas été retenus. Une partie de ces fresques ont été réalisées par Francesco Marzuolli, celui qui a été surnommé Parmigianino. Selon l'histoire officielle, il a débuté le travail après signature d'un contrat en 1531, et il n'a jamais terminé. En 1539, après plusieurs conflits avec les autorités de cette église, il est mis à la porte. Il est décédé un an plus tard. Aujourd'hui, une statue en marbre le représentant orne la piazza devant l'église Madonna della Steccata de Parma et la ville se targue d'avoir plusieurs de ses fresques dans ses églises.
Autre statue, celle dédiée à Garibaldi, rien d'original, pour ceux qui ont parcouru l'Italie, il y a des statues à Garibaldi dans littéralement toutes les villes du pays... Celle-ci est toutefois la première où je le vois debout, sans son cheval... habituellement, il est représenté à cheval, ce qui m'a fait qualifié le personnage de «Bolivar de l'Italie» :-).
L'observateur attentif remarquera les horloges solaires sur l'édifice derrière Garibaldi; et que sur celle en bas à droite, on voit même une marque pour Québec.
L'église qui est incontournable à Parma est pourtant celle-ci, malgré la beauté des autres et leurs fresques impressionnantes, celle-ci est spéciale. Il s'agit de Francesco del Prato, une église érigée à partir de 1240... qui a été transformée en prison par les troupes de Bonaparte en 1810... et qui est demeurée une prison pendant 200 ans.
L'église est "redevenue" un lieu de culte en 2018, et après une campagne de financement, a été léguée à la ville et une restauration du bâtiment a été réalisée en grande partie. Les fenêtres de la prison ont été bouchées, les grillages enlevés, la rosaces restaurée, les grande fenêtres réinstallées (découvertes presque intactes dans les sous-bassement de l'édifice)... Sur cette photo, on peut encore voir les échafaudages dans les chapelles de côté, les travaux n'étant pas encore terminés.
Ce qui a survécu des fresques du dôme ont été restaurées également.
Aujourd'hui, le résultat est étonnant; une église médiévale qui a servi de prison pendant pratiquement 200 ans et où on peut encore voir certaines fresques (partielles, dont certaines sur les colonnes entre la nef centrale et celles de côté) et la structure quasi intacte, c'est assez unique comme expérience. Même s'il s'agit donc d'une église, c'est aussi aujourd'hui un centre culturel et communautaire, ce qui rend l'endroit encore plus intéressant à visiter.
Ci-dessus: Les villes d'Italie sont parfois frustrantes à visiter... Nulle part dans le guide de l'Italie dont je dispose pour glaner certaines informations, ni au bureau touristique de Parma (où je suis allé me procurer une carte de la ville, assez étrange carte pas super bonne, mais c'est une autre histoire), bureau où on m'a suggéré plusieurs visites, nulle part, dis-je, on en m'a parlé de ruines de l'époque romaine! Faut être blasé pour avoir des ruines sur son territoire et ne pas le mentionner (et très mal connaître ce vagabond-ci)!
Heureusement (mais par hasard!), j'ai vu une affichette indiquant "Ponte romano", et j'ai retracé l'endroit sur la carte. Ha!
Il s'agit des vestiges d'un pont romain - vestiges découverts en 1966 lors de travaux d'excavation sur la Piazza Ghiaia. Ces vestiges ont très récemment été mis en valeur (heureusement pour moi!), et on peut donc y voir 2 des 11 arches qui supportaient le pont d'origine sur la rivière Parma. Quelques centaines d'artéfacts découverts lors des fouilles sont aussi présentées dans des présentoirs autour des arches - amphores, monnaies, vases, buste, clés, pièces de marbre et de bronze diverses, bref, un petit musée public (gratuit en plus) assez intéressant et qui a permis de conclure avec plaisir cette visite de Parma.
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