Elle n’a pas changé de plume pour autant et c’est encore par le biais de la poésie et des contes qu’elle nous parle de l’absence et de la volonté de continuer à vivre.
Chaque chapitre est une voix différente. Tout le texte n’est que conte et poésie mais il est aussi intercalé de vrais poèmes.
Et puis, découvrir au détour d'un poème (p. 108) que celle qu'on croyait être l'eau est devenue le vent pour nous emporter tous / plus loin encore / là où le chagrin et la mort / ne sont plus rien.
Le dialogue est mystérieux et compose une ode aux quatre éléments, entre un père, ses trois enfants, sa belle-sœur, son beau-père (supposé) et sa femme, disparue depuis plusieurs années, dont les noms de chacun sont ultra-signifiants.
Du côté des vivants le désarroi est palpable. Le père cherche comment survivre à tout ça (p. 147). Il fait tout ce qu'il peut pour que la vie suive son cours mais hurlant malgré tout sa détresse : Mais toi Odile où es-tu ? Tu as disparu, et je te sens partout. (…) T’aimer, c’était comme descendre un cours d’eau, je me laissais porter par le courant (…) je n’en peux plus de ton absence. Je n’en sortirai pas.
Le voyage est multiple, surprenant comme l’est le titre,
Zizi Cabane, évident lorsqu’on en apprend la signification. Comme l'est aussi la couverture, illustrée d'un tableau d'Astrid Jourdain qui correspond totalement à l'histoire et qui se comprend à la toute fin.Ce roman est magnifique jusqu'à la dernière ligne de la dernière page, composant une dédicace que l'habitude place logiquement en début d'ouvrage.Les métaphores sont constantes et de toute beauté. Je n'en retiendrai qu'une : Ils vont à la mer et la mère est là.Il faut se laisser porter par cette langue d’une richesse inouïe, un peu comme on le fait en bord de mer, sans lutter contre les vagues, avant de nous retirer sur la plage de nos propres souvenirs en admirant le ressac dont le spectacle est infini.Zizi Cabane de Bérengère Cournut, éditions Le Tripode, en librairie depuis le 18 août 2022