Pour bien comprendre mon analyse, je vous invite à acquérir mon livre, L’église anglicane : de Henri VIII à Élisabeth 1re d’Angleterre. Il contient de nombreuses illustrations.
Bien avant la mort d’Élisabeth II, bon nombre d’analystes prédisaient la fin de la monarchie en Angleterre. Ces genres de déclarations se sont multipliés avec la mort de la reine. Il faut également citer une série télévisée, The Crown, très populaire sur la plate-forme Netflix.
Le très célèbre Tariq Ali, historien et homme politique anglais, dans un article du monde parle de déliquescence de la monarchie à bout de souffle. Il se base sur les accusations contre le prince Andrew et sur le traitement réservé à lady Diana. Son analyse le pousse à affirmer que si l’Ecosse devait se séparer de l’Angleterre, alors il faudrait dissoudre la chambre des Lords et réformer la monarchie. Voire abolir ces institutions.
Il s’agit d’une analyse très hâtive de la part d’un homme qui, pourtant, connaît bien l’Angleterre.
Extrait de cet article :
Un siècle et demi avant 1789, les Anglais connurent une guerre civile puis une révolution bourgeoise. Ils décapitèrent le roi Charles Ier le 30 janvier 1649, abolirent la Chambre des lords et instaurèrent un régime républicain. Le « Commonwealth » qui fédérait l’Angleterre, l’Ecosse, l’Irlande et le Pays de Galles ne dura pas longtemps mais laissa des traces. La restauration de 1660, avec la montée sur le trône de Charles II, fut le fruit d’un compromis : il n’était pas question de ressusciter l’absolutisme.
Dans ce paragraphe, il y a un mot-clé, le « compromis ». Le compromis est l’élément essentiel des anglo-saxon, anglais et américains. C’est bien le compromis qui a abouti à la constitution américaine après l’indépendance du pays. C’est toujours le compromis qui fait que l’Angleterre est viscéralement attachée à sa monarchie.
Il s’agit d’un attachement historique, puisque, comme je l’explique dans mon livre L’église anglicane, c’est bien la famille royale des Tudor qui a constitué l’Angleterre moderne et anglicane.
La monarchie anglaise n’est pas seulement la représentation d’une famille. C’est un emblème qui transcende les personnes. C’est une identité génétique. Que ce soit l’église anglicane, que ce soit la chambre dès Lords, que ce soit le système religieux, que ce soit l’archevêque de Canterbury, que ce soit le livre des prières et les 39 articles, tout ramène à la monarchie royale, avec ou sans scandales, avec ou sans Andrew, avec ou sans Diana. Elle est le symbole ultime de l’unité des Anglais.
Que les Écossais se séparent ou non de l’Angleterre, ce ne sera jamais une affaire de monarchie, mais une question politique.
La monarchie ne s’effondrera pas en Angleterre, le souvenir de la reine Élisabeth et de son mari le prince Philippe en est le meilleur des remparts.
Le roi Charles III, que son prénom soit ou non rattaché à l’histoire, constituera un très grand roi, qu’on le veuille ou non.
Renoncer à la monarchie, pour les Anglais, est renoncer à soi-même. Tout, dans l’histoire, dans les coutumes, dans la littérature, dans les arts, ramène quelque part à cette âme de l’Angleterre et de sa monarchie.
La monarchie, l’époque victorienne, est présente dans les moindres recoins des récits d’Agatha Christie, de Conan Doyle, et de tous les autres.
Il est tout à fait possible, et de façon provisoire, que la monarchie soit écartée du fait de scandales si importants que l’on ne puis faire autrement. Toutefois, l’Angleterre se métamorphoserait, du jour au lendemain, en république prête à adhérer à l’Union Européenne et à devenir un vassal de Bruxelles. Ce que les Anglais n’accepteront jamais. Aussi, vite fait, reviendront-ils à la Monarchie. Monarchie qui s’en trouverait alors, non seulement renforcée, mais grandie.
Monsieur Tariq Ali emporté par son idéologie oublie l’essentiel : God Save the Queen.
J’ai déjà répondu à une précédente analyse de certains intellectuels qui prédisaient la guerre civile aux États-Unis d’Amérique lors des dernières élections. J’avais bien raison.
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