La ville a puisé dans les racines de son passé maritime et scientifique pour monter un projet horticole unique.
La diversité est très large avec 2000 espèces venues de 4 continents, du niveau de la mer à la Cordillère des Andes et près de 1500 hybrides obtenus depuis 1845. Toutes ne sont pas rassemblées dans la jungle tropicale qui s'épanouit sous la serre mais la Collection nationale du genre Bégonia en compte suffisamment pour être unique au monde.
Nous avons tous de cette plante une représentation qui ressemble à celle qui est en photo ci-contre. Mais nous verrons que le bégonia forme l'un des genres botaniques les plus importants du règne végétal. J'ai appris que les espèces se distinguent surtout par leurs feuillages et leur stature, rampantes ou bambusiformes, parce que les fleurs sont toutes identiques, hormis leur couleur.
On a du mal à croire que le Begonia Luxurians (Scheidweiler 1848- Brésil), ci-dessous à gauche, appartient au même genre que celui qui est à côté. Ou encore que cet autre en dessous.
Il s'agit de Michel Bégon qui était notamment urbaniste. On lui doit d’avoir organisé le plan de la ville de Rochefort "au cordeau" à partir de 1648. Mais surtout, cet homme fut intendant dans la Marine sous Louis XIV. J’ai du mal à croire qu'ayant été gouverneur de Saint-Domingue, il n’ait jamais eu l’occasion de se trouver face à une de ces plantes.
Toujours est-il qu’en effet Plumier les appela ainsi pour rendre hommage à celui qui fut en quelque sorte le mécène de la première expédition qui permit l’identification de six nouvelles "plantes herbacées" qu’il nomme Bégonias, mais qu’il ne ramène pas.
Ce n'est qu’en 1777, soit 85 ans plus tard, que quelques plants arrivèrent en Europe, transportés par des anglais. Ce sont des Bégonia Nitida dont l’image figure sur le ticket d’entrée au Conservatoire (à droite, sur fond bleu).
C’était la première fois, dans l’histoire de la botanique, qu’on s’inspirait du nom d’un homme pour désigner une plante en le latinisant et Plumier peut être considéré comme l’inventeur de la dédicace botanique. Il y eut ensuite le fuchsia qu’il dédia au botaniste allemand Leonhart Fuchs (1501–1566), après leur découverte, toujours à Saint-Domingue.
Ce spécialiste de la flore des Antilles a aussi nommé le lobélia pour Mathias de l'Obel, le magnolia pour Pierre Magnol. Quand ce ne sont pas des noms de personnes, Plumier utilise les noms vernaculaires qu'il latinise pour nommer les nouvelles plantes. Ainsi par exemple, il nomme la vainillia, une plante originaire du Mexique découverte en 1571 par Francisco Hernández, Vanilla planifolia.
Ses publications naturalistes lui valent l'admiration de ses contemporains, et de successeurs tels que Georges Cuvier (1769–1832). Un genre de frangipanier lui a été dédié par Tournefort et Linné, le genre Plumeria de la famille des Apocynacées.
Les serres abritent un peu plus de 1600 variétés dont 600 sont naturelles, les autres étant le résultat d’hybridations. Toutes sont des plantes dites d’intérieur sous nos climats. Certaines, comme le Bégonia Grandis, qui demande un sol léger drainant, calcaire dans l’idéal, et qui est capable de s’étendre largement,
Le bégonia appartient à une famille qui couvre toutes les régions tropicales du globe. La plupart des plantes présentes ici proviennent de la ceinture tropicale s’étendant du Mexique à la Malaisie (en vert sur la carte ci-dessous). Leur biotope se situe du niveau de la mer à 3800 m d’altitude dans la Cordillère des Andes… On comprend pourquoi ces plantes sont si robustes !
On verra des espèces basses rampantes du Mexique, le tubéreux du Chili, des feuillages colorés de Nouvelle Guinée... Certaines espèces rustiques d’Afrique du Sud, habituées à des climats rudes vivent jusqu’à - 15° C. D’autres peuvent supporter des températures négatives jusqu’à -25° mais elles ne sont pas conservées à Rochefort par manque de place. En effet, la plupart des variétés d’extérieur ont besoin d’une période de repos au sec et dans l’obscurité, et la serre -chauffée- ne pourrait pas les accueillir en hiver.
D’une manière générale, le bégonia apprécie d’être à l’étroit, ce qui en fait la plante idéale pour le moindre interstice en pouvant laisser croire qu’elle pousse à même la roche. Le rempotage ne doit pas se faire avant que les racines ne soient vraiment trop serrées, et jamais dans un pot beaucoup plus grand (2 cm de diamètre supplémentaire suffisent amplement), dans un terreau assez riche et bien drainé. On ajoutera du charbon de bois dans la terre pour éviter les moisissures. Un terrarium peut consister une bonne opportunité. Une plante adulte pourra y conserver un développement économique et prostré.
Il est important de retenir que ces plantes peuvent ne pas mourir de soif mais que par contre un excès d’humidité leur sera fatal, surtout par les racines. On peut donc considérer qu’il n’est jamais trop tard pour les réimbiber. De plus un manque d’eau créé une situation de stress qui peut inciter la plante à fleurir (pour se reproduire dans une sorte d’instinct de survie).
C'est un pigment nommé anthocyane qui est responsable de la couleur rouge. Il est produit quand le taux de chlorophylle diminue et c’est aussi un moyen de défense contre les insectes. On le constate en automne sous nos climats quand les insectes, sentant le mauvais temps arriver, voudraient passer l'hiver au chaud dans un tronc d'arbre. Pour mieux économiser ses ressources et repousser des hôtes indésirables l’arbre va opter pour la laideur et abandonner un vert attractif pour les insectes. Les acides aminés contenus dans les feuilles migrent alors vers les branches et le tronc pour les renforcer pendant la mauvaise saison tout en ne tentant plus les insectes de se poser sur elles.
Les périodes de floraison dépendent de la durée du jour. Certaines sont de jours longs, d’autres de jours courts. Dans la nature, la majorité ont des fleurs blanches mais les jardineries privilégient les espèces aux fleurs rouges ou orangées. Il existe cependant aussi une variété à fleurs jaunes.
Les fleurs sont monoïques (comme la courge, le maïs, les conifères sauf le if), et non dioiques (quand les sujets mâle et femelle sont différents comme le kiwi ou le ginkgo biloba), ni hermaphrodites (comme le sont la plupart des plantes avec une fleur unique).
Le vent peut aussi faire office de pollisinateur, et la main humaine créé des hybrides (lesquels ne sont pas reproductibles autrement que par bouturage car la nature ne le permet pas). Le bouturage est d’ailleurs le meilleur mode de reproduction, à condition de protéger le plant des courants d’air et des écarts thermiques par une sorte de couvercle, ou de demi-bouteille ouverte.
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