Le bien-être financier à le vent en poupe

Publié le 20 septembre 2022 par Patriceb @cestpasmonidee
Bien que l'événement ait baissé en qualité, les séquences de démonstrations de Finovate, notamment sur son édition d'automne, à New York, offrent fréquemment l'opportunité d'identifier les tendances importantes à la croisée de la finance et des technologies, même quand on se contente comme moi de suivre les festivités à distance.
D'emblée, le premier constat à tirer de l'aréopage d'entreprises invitées à se présenter lors de ces sessions est leur orientation massive vers la commercialisation d'offres logicielles destinées aux institutions financières. Confirmant une transition engagée depuis plusieurs années, le phénomène atteint des proportions inédites, puisqu'une poignée, à peine, des participants imaginent un modèle d'affaire basé sur la distribution directe de leurs solutions à des utilisateurs finaux, individuels ou professionnels.
Deuxième observation, tout aussi peu réjouissante pour l'innovation, les efforts semblent se concentrer désormais majoritairement sur deux grands domaines, dans lesquels la créativité ne s'exprime plus guère. L'un touche à la notion de « plate-forme digitale », c'est-à-dire, en pratique (et dans la plupart des cas), à un simple socle d'interface graphique qui doit permettre aux banques de déployer une expérience client optimisée sur leurs services en ligne et leurs applications mobiles. Nécessaire mais pas renversant !
L'autre surfe sur l'intelligence artificielle, dont, incidemment, il faudrait parfois vérifier jusqu'à quel point elle n'est pas uniquement citée à des fins marketing, dans le but de procurer une cure de jouvence à la gestion des identités, la connaissance des clients, la sécurité, la lutte contre la fraude, la maîtrise des risques, la conformité réglementaire… Là encore, les fournisseurs se ruent vers les thématiques qui préoccupent et inquiètent particulièrement leurs cibles privilégiées. Mais qu'apportent-ils de (vraiment) neuf ?

Dans ce paysage un peu terne, le rayon de soleil est amené par l'insensible progression du concept de bien-être financier. Certes, son irruption répétée sur la scène est en grande partie conjoncturelle et, de toute évidence, quelques intervenants, dont plusieurs de ceux qui vantent justement leur « plate-forme digitale », mettent le sujet en exergue sans l'avoir véritablement travaillé et encore moins mis en œuvre. Mais d'autres, plus sérieux (et, il est vrai, moins nombreux), contribuent à en propager la valeur.
Après l'échec des modules gestion de finances personnelles focalisés sur le suivi et l'analyse historique de la situation, des acteurs tels que Debbie (un des rares opérant en B2C et récompensé par un prix du public), EqualFuture (à l'intention des PME) ou Upswot, même quand ils n'abordent qu'un segment étroit de l'équation, jouent un rôle critique en partageant leur vision de l'évolution du PFM vers le conseil proactif et personnalisé, sans efforts, qui manquait cruellement dans les générations précédentes.
Le moment où les institutions financières s'empareront des enjeux de santé et de bien-être au cœur de leur stratégie, notamment en plaçant leur client et ses besoins, son contexte, ses inquiétudes, ses interrogations…, reste sans doute lointain. Cependant, la multiplication de jeunes pousses s'y consacrant et la reconnaissance que leur accorde leur invitation à Finovate constituent un signe encourageant pour son développement et la prise de conscience du potentiel qu'il représente pour l'avenir du secteur.