Dans son principe, le produit correspond à une location avec option d'achat relativement classique, déclinée pour les dépenses d'équipement courant (électroménager, mobilier, pneus…). Lorsque le client retient l'option à la caisse d'un commerce partenaire de la jeune pousse (américaine), il s'engage à verser un loyer mensuel pendant une année, à l'issue de laquelle il prend automatiquement pleine possession du bien considéré.
S'il s'en tient à ces conditions, l'acquéreur aura tout de même payé deux fois et demie le prix initial. Mais il ne s'agit pas du mode de fonctionnement optimal envisagé. Car le contrat de location se veut extrêmement souple et, notamment, dans le cas d'un remboursement anticipé, des remises sont accordées. À l'extrême, si la totalité de la somme due est versée dans les 90 jours après l'opération, seule une commission fixe (modeste) est appliquée, reproduisant les caractéristiques habituelles du BNPL.
Par ailleurs, une clause de restitution peut être mise en œuvre à tout moment par les personnes qui, par exemple, se rendent compte de l'inutilité de leur emplette ou n'ont plus les moyens de faire face à leurs échéances. Selon les responsables de Kafene, de l'ordre de 10 à 20% de ses utilisateurs seulement entrent dans ce schéma, l'immense majorité finissant donc par s'approprier l'objet financé, le plus souvent dans le délai de 3 mois.
Si le modèle retenu ne comporte pas les risques associés traditionnellement à un prêt, la startup n'en conduit pas moins un contrôle d'éligibilité à l'entrée en relation. Sans surprise, celui-ci repose principalement sur une connexion aux comptes bancaires et l'analyse des transactions passées. Et bien que le score de crédit ne soit ni consulté ni impacté lors du recours au service, le règlement ponctuel des loyers est transmis aux agences de notation afin d'aider les personnes concernées à établir leur réputation.
Face aux inquiétudes soulevées par le boom du paiement différé, l'approche de Kafene représente une alternative moins toxique, sans toutefois éliminer totalement l'éventualité de dérives dans les budgets des ménages. Un autre aspect potentiellement gênant est le traitement des retours de produits, pour lesquels la solution de facilité est la mise au rebut, la revente n'étant pas toujours possible. Espérons qu'une réflexion sur les enjeux environnementaux soit menée pour mieux appréhender le cycle de vie.
En conclusion, le concept imaginé par Kafene offre une piste d'évolution intéressante, et particulièrement bienvenue par les temps qui courent, pour dépasser les limitations du BNPL, avec, surtout, la soupape de sécurité que constitue sa faculté intrinsèque de désengagement à la demande. En revanche, outre sa lourdeur logistique (déléguée), il présente quelques défauts structurels qui nécessiteraient encore un peu de travail.