Apparemment, la dernière tendance dans le secteur bancaire consiste désormais à s'aventurer dans des domaines adjacents. On connaît déjà diverses tentatives de création de « super-apps », plus ou moins convaincantes, mais des initiatives mieux ciblées paraissent plus prometteuses, telles que celle de Citizens à l'intention des étudiants.
Le financement des études supérieures est (de longue date) une problématique tellement critique aux États-Unis que l'idée qu'une banque s'en empare est immédiatement légitime. De nombreuses institutions et autres trublions se penchent d'ailleurs sur le volet aval du sujet, à savoir la gestion de la dette contractée durant la scolarité. Cette fois, il s'agit cependant d'aborder les questions en amont, dans une démarche originale d'accompagnement proactif, dans laquelle toutes les parties trouvent leur compte.
C'est par l'intermédiaire d'une acquisition que Citizens développe sa nouvelle proposition. College Raptor, qui, à l'issue de la transaction, opérera comme une filiale, dispose d'une palette de services extensive, couvrant tous les besoins relatifs à la réussite d'un cursus universitaire, depuis la constitution d'une épargne avant d'y entrer jusqu'aux options de crédit, en passant par le conseil en orientation, la comparaison des établissements (sur les critères académiques et financiers), la recherche de bourses…
De toute évidence, les opportunités de synergie avec les métiers de la banque sont immenses. La plus visible réside, naturellement, du côté des prêts étudiants, dont Citizens est un spécialiste reconnu (ce qui explique probablement ses velléités d'extension de son périmètre de compétences). Mais la dimension de l'épargne est également importante à considérer tout comme la gestion budgétaire des aides éventuellement perçues, voire, plus généralement, l'assistance au pilotage des finances personnelles.
Au-delà de l'accélération commerciale que peut engendrer la plate-forme de College Raptor sur ces gammes de solutions, un autre enjeu majeur justifie pleinement son intégration. Elle représente un extraordinaire point d'entrée pour une population à fort potentiel sur le long terme, au moment où elle engage sa première relation « sérieuse » (c'est-à-dire qui ne se limite pas à des outils de paiement) avec une institution financière. Même sans modèle économique, elle forme donc un puissant produit d'appel.
Parmi les multiples expérimentations de banques hors de leur pré carré, celle de Citizens se distingue par sa pertinence indiscutable, autant du point de vue des utilisateurs ciblés (pour qui les préoccupations d'argent sont cruciales sinon prioritaires) que pour sa propre stratégie et par son choix de prendre pied sur le terrain via l'achat d'un acteur installé (fondé en 2012). Il lui reste maintenant à mener à bien l'absorption et l'incorporation dans ses processus existants afin de réaliser les bénéfices attendus.