Dans la forêt

Par Belzaran

Titre : Dans la forêt
Scénariste : Lomig
Dessinateur : Lomig
Parution : Août 2019


Je suis tombé par hasard dans ma bibliothèque que sur cette adaptation du roman de Jean Hegland « Dans la forêt ». Ayant découvert et lu ce livre récemment, je me suis procuré la bande-dessinée afin de voir comment Lomig, l’auteur, s’était débrouillé pour adapter l’ensemble. L’ensemble pèse 150 pages (et 1 kilogramme) et est publié chez Sarbacane.

Une adaptation qui manque d’espace

« Dans la forêt » raconte l’histoire de deux sœurs vivant dans une maison perdue alors que le monde s’est effondré. Plus d’électricité, plus de téléphone… Tous les projets d’avenir de ces deux adolescentes s’effondrent alors. Si le roman faisait la part belle à leur relation avec leurs parents (et notamment leur père), c’est moins le cas ici, manque de place oblige.

Si les scènes du livre sont respectées, on sent Lomig à l’étroit dans ce format. Tout va un peu vite et s’enchaîne à vitesse grand V. C’est dommage, car le principe même de ce récit est la langueur, l’attente. Ici, les filles se mettent au potager et deux pages plus tard elles font les pots de leur récolte. Bien évidemment, c’est lié à l’adaptation. Mais en n’arrivant pas à ralentir le rythme, à insister sur certains points, le lecteur n’a pas le temps d’être touché par ce qui se passe à la lecture. Je doute qu’un lecteur « naïf », qui n’aurait pas les romans, puisse apprécier ce roman graphique.

Peut-être aurait-il fallu enlever certaines scènes pour être plus percutant ? L’auteur fait ici le choix de ne pas s’appesantir sur les thématiques issues de la collapsologie pour se concentrer sur les relations entre les deux sœurs. Pour le coup, c’est un choix pertinent. Le roman graphique traite avant tout des tensions et de l’amour entre Nell et Eva.

Au niveau du dessin, je suis assez partagé. Le choix du noir et blanc ne m’a pas paru pertinent pour un ouvrage où la forêt est si importante. Cela donne à la fois douceur (par le trait) et dureté par l’absence de couleurs. Le dessin de Lomig, que je ne connaissais pas, est assez élégant. Sa mise en scène est réussie, surtout que le livre regorge de scènes contemplatives. Il n’était pas évident de traiter tout cela et la BD se révèle fluide en lecture. Les flashbacks sont bien intégrés également. De même, l’auteur évite l’écueil de trop citer le livre, laissant la voix off aux moments où c’est réellement nécessaire et laissant sinon le dessin parler par lui-même.

« Dans la forêt » était un ouvrage difficile à adapter : introspectif et lent, il ne convient pas vraiment au rythme d’une bande-dessinée. Lomig a su recentrer l’histoire sur les deux sœurs. Et si on sent qu’il manque encore des pages pour pouvoir vraiment emporter le lecteur, on retrouve sans peine l’esprit du livre de Jean Hegland.