Paris (AFP) – Le procès en appel s’est ouvert lundi à Paris pour deux hommes soupçonnés d’avoir aidé les hommes armés qui ont pris d’assaut l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo et un supermarché juif en janvier 2015, le premier d’une vague d’attentats terroristes islamistes qui ont secoué la France en ces dernières années.
Douze personnes ont été massacrées dans les bureaux parisiens de Charlie Hebdo par les frères Said et Cherif Kouachi, qui ont déclaré agir au nom d’Al-Qaïda pour venger la décision du journal de publier des caricatures du prophète Mahomet.
Le lendemain, Amedy Coulibaly a tué un policier de 27 ans lors d’un contrôle routier en dehors de Paris, avant de tuer quatre hommes juifs lors d’une prise d’otages au supermarché Hyper Cacher le 9 janvier, affirmant agir au nom de l’Islam Groupe d’Etat.
Tous trois ont été tués par la police et, en décembre 2020, un tribunal français a condamné 14 personnes pour avoir aidé à commettre les attentats.
Deux hommes qui ont été condamnés aux peines les plus lourdes ont fait appel, notamment Ali Riza Polat, qui a été condamné à 30 ans de prison pour avoir aidé à trouver des armes pour les tueurs.
Lui et Amar Ramdani, accusés de conspirer avec les assaillants, nient les accusations et souhaitent que le tribunal examine des documents qui, selon eux, ont été négligés lors de l’enquête.
« Ce procès est la dernière chance de corriger les erreurs d’une justice dépassée par l’ampleur de ces attentats, et de revenir à la raison quant au rôle exact de M Polat, un criminel de droit commun accusé à tort d’un rôle qu’il n’a jamais eu. « , ont déclaré ses avocats.
Un avocat de Charlie Hebdo, Richard Malka, a rejeté les demandes.
« Ces crimes ont un but, ils sont politiques, idéologiques, ce ne sont pas des crimes perpétrés par des barbares ou des ‘loups solitaires’ ou des fous », a-t-il déclaré au palais de justice de Paris avant l’ouverture du procès.
Le rédacteur en chef du journal Laurent « Riss » Sourisseau, blessé dans l’attaque, a assisté à l’audience, et la veuve de l’une des victimes portait une affiche des autres tués.
«Je suis Charlie»
Les meurtres ont marqué le début d’une vague meurtrière d’attaques islamistes à travers l’Europe, en particulier la tuerie déchirante quelques mois plus tard à la salle de concert du Bataclan et dans les bars et cafés parisiens en novembre 2015.
Le premier procès Charlie Hebdo et Hyper Cacher s’est tenu en 2020 avec 14 accusés – certains jugés en leur absence – accusés d’avoir aidé les hommes armés à préparer et organiser les attentats.
Des peines de prison allant de quatre ans à la perpétuité ont été prononcées pour les personnes reconnues coupables d’avoir aidé les frères Kouachi et Coulibaly, qui ont été tués lors d’agressions policières.
La cour d’appel aura six semaines pour apprécier le degré de responsabilité de Polat et Ramdani.
Plusieurs jours au début du procès seront consacrés à l’audition des témoignages des rescapés de l’attentat et des proches des victimes.
Parmi les personnes abattues dans les bureaux de Charlie Hebdo figuraient certains des dessinateurs les plus célèbres de France, dont Jean Cabut, connu sous le nom de Cabu, 76 ans, Georges Wolinski, 80 ans, et Stéphane « Charb » Charbonnier, 47 ans.
Le massacre a déclenché un élan mondial de solidarité avec la France sous le slogan « Je suis Charlie ».