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Il y a quelques décennies émergeait une nouvelle élite intellectuelle. Les gladiateurs de la pensée. En dehors de leurs paroles, point de salut. C’était le temps des futurologues. Ils prenaient soin de préciser, nous ne faisons ni prédications, ni présages, ni prophéties, nous anticipons le futur. En partant des données présentes, économiques, sociales, humaines, nous avons la capacité de dire quelles seront les prochaines étapes de l’évolution humaine. Ils utilisent, en ce sens, des méthodes révolutionnaires qu’ils gardent jalousement pour eux-mêmes. Un magicien, il est vrai, ne dévoile jamais ses tours.
Ainsi, a-t-on pu prévoir les grandes évolutions de notre monde à partir de quelques bibliothèques, et de quelques archives.
Il est judicieux de passer en revue ces grandes orientations de notre futur que nous ont affirmé avec force et conviction nos érudits futurologues.
1 – fin du pétrole.
Cette fin du pétrole tant annoncée a été prévue avant la fin du siècle passé. Certains futurologues avaient affirmé de façon catégorique que le pétrole, au vu de sa consommation, se tarirait, immanquablement, au cours des années 80. Pourtant, le pétrole continue de couler à flots. Si on devait s’en passer, ce ne serait pas du fait de sa rareté, mais du fait du réchauffement climatique. Réchauffement que les futurologues n’ont pas vu venir.
2 – surpeuplement de l’humanité.
C’est une déclaration qui nous avait accompagné durant plusieurs décennies. Sur elle, se sont greffées plusieurs fictions telles que le film, Soleil Vert. Sur elle, également, se sont greffées des prédictions cataclysmiques de certaines extrêmes politiques.
On prévoyait pour le début de l’an 2000 au minimum 20 milliards d’êtres humains sur terre. En 2022 la population compte 8 milliards d’habitants. Son augmentation, temporaire il faut le préciser, est due à la longévité et à l’augmentation de l’espérance de vie. Après un moment d’équilibre, nous devrions assister à un phénomène inverse, c’est-à-dire, au contraire, à sa diminution. Cela s’explique par la maitrise de la nataliste de plus en plus répandue et adoptée en Afrique et en Asie.
3 – la faim dans le monde et l’assaut de l’Europe par les immigrants.
Là aussi, on nous avait annoncé des scénarios catastrophiques avec des millions et des millions d’Africains envahissant l’occident. Certains imaginaient des centaines de milliers d’embarcations à l’assaut de l’Europe.
Là, également, cela ne s’est pas concrétisé. Si, effectivement, il y a quelques émigrés qui tentent de rejoindre l’Europe, leur nombre est infiniment inférieur à ce que l’on nous avait prophétisé. Une grande partie de cette émigration n’est pas due à la faim, mais à l’intervention de l’homme occidental. Les bombardements de pays sont des plus éloquents. La faim en Afrique devrait au contraire diminuer. Si elle devait s’accroitre, la cause en serait le réchauffement climatique causé par la pollution produite par l’industrie des pays développés.
4 – la fin de la civilisation américaine
C’était là un thème récurrent dans les années 80. La civilisation nord-américaine disparaîtrait. Il ne s’agit pas de la décadence des valeurs, mais bien d’une disparition en bonne et due forme comme ce fut le cas de la civilisation romaine. Non seulement cela ne s’est pas réalisé – la civilisation nord-américaine est toujours présente – au contraire, elle est encore plus forte et plus puissante.
5 – Les erreurs des futurologues
La grande erreur des futurologues est la suivante : confusion entre un système et les gens qui portent ce système.
Dans mon livre, la fin de l’histoire n’aura pas lieu, j’ai consacré un chapitre à cette erreur, il porte le nom : Les erreurs de la théorie de la fin de l’histoire.
Les futurologues examinent des systèmes de façon superficielle, se gardant d’aller sur le terrain. C’est-à-dire se dispensant de la confrontation avec la réalité. Leur vanité les en empêche.
Aussi, Samuel Huntington, Francis Fukuyama, Renault Camus – nouvelle tendance futurologue – se sont complètement fourvoyé. Leur vanité et leur égarement coûtent très cher à l’humanité.
En fin de compte, ce que les futurologues ne comprendront jamais, c’est que la meilleure façon de prédire le futur consiste en le construire. Peut-être, en fin de compte, ils ne furent que les instruments dociles de ceux-là mêmes qui le construisent.
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