Entre les suspicions de demandes frauduleuses et les défauts de remboursement, les crédits accordés par la jeune pousse (comme par ses consœurs, parmi lesquelles Metro Bank est également citée) sont pointés du doigt depuis plusieurs semaines car leur qualité semble nettement inférieure à celle observée dans les grandes enseignes historiques, ce qui conduit certains observateurs haut placés, probablement pas exempts d'arrière-pensées politiques, à émettre l'hypothèse d'une conduite abusive délibérée.
En réponse à ces attaques virulentes, les responsables de Starling Bank soulignent une différence essentielle entre sa position et celle de la concurrence traditionnelle : par sa jeunesse et le lancement encore plus récent de son offre professionnelle, elle attire automatiquement plutôt des structures en création, fortement susceptibles de sombrer, que des PME plus ou moins anciennes, aux fondations solides, qui sont naturellement peu enclines, surtout durant une période difficile, à changer de fournisseur.
Que l'on accepte ou non que cette situation, indiscutable, justifie les faiblesses reprochées à la néo-banque (en pleine phase de croissance, de surcroît) face à des établissements qui, statistiquement, traitent avec une majorité de clients qu'ils connaissent de longue date, ce profil spécifique de population cible constitue une caractéristique déterminante pour tout acteur émergent, aux conséquences considérables dans des métiers où la confiance est primordiale et où la relation se bâtit et se consolide sur le long terme.
Le premier impact est donc la fragilité particulière des « nouveaux bancarisés ». Ensuite, même avec les meilleures protections du monde, les risques de transactions douteuses sont mécaniquement plus élevés avec une clientèle dont l'historique moyen est, au mieux, de quelques années. Incidemment, il n'est pas certain que, comme le sous-entendent les critiques qui s'en prennent en priorité à Starling Bank et moins à Metro Bank, le modèle d'interaction exclusivement à distance joue un rôle dans l'équation.
En arrière-plan, découle de ces conditions ce qui fait de la FinTech un domaine d'innovation où le succès est extrêmement complexe à atteindre. Il faut en effet compter à la fois avec la rentabilité minimale de la plupart des clients initiaux (particuliers qui entrent dans la vie active ou adoptent une solution d'appoint, entreprises immatures), avec un niveau global de délinquance supérieur… et avec les plaintes des grincheux (et envieux) qui ne comprennent pas ces contraintes et essaient d'influer sur les régulateurs dans le but de mettre un terme à ce qu'ils perçoivent comme du laxisme.
Au bout du raisonnement, il ressort toujours le même constat de l'échelle de temps très longue (de l'ordre de la décennie ?) sur laquelle se joue la réussite de la plupart des startups de la finance : c'est tout simplement celle de la relation client dans le secteur…