Tchicaya U Tam’si – Passe-temps

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Les mots n’ont pas de centre de gravité
Ils tiennent debout penchés ou couchés.

La lumière n’a pas de sillage,
La vie la vie rendez-moi la vie !

Le chemin n’est pas un drap,
La rose, c’est drôle, ce n’est pas le lilas.

La soie n’est pas tout à fait la rayonne,
L’homme a inventé seul le gramophone.

J’imagine une tombe sans croix,
Une mer sans houle, un pays sans lois.

J’imagine une pluie sans pli,
Un oiseau sans plumes, un oiseau sans nid, blanc.

Drôle d’histoire que la mienne,
Une jalousie sans persienne… Qu’elle revienne.

Mon coeur sans douleur,
Un parfum sans douceur…

Des passe-temps sans larmes, ni supplices
Qui soient des miroirs sans charmes… ni malices.

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Tchicaya U Tam’si (1931-1988) – J’étais nu pour le premier baiser de ma mère (Gallimard, 2013)