Aujourd'hui donc, "Červená Lhota", le dernier des 3 châteaux aquatiques (entourés d'eau) que les instances touristiques qualifient comme tel (château d'eau) alors qu'il en existe beaucoup d'autres et que surtout, ce dernier n'a jamais été conçu pour, c'est-à-dire entouré d'eau dans un but défensif, contrairement à "Blatná" et à "Švihov". D'ailleurs il n'a tellement pas été conçu pour, qu'on ne sait même pas à quelle époque il a commencé à être entouré d'eau, enfin posé au milieu de l'étang, parce qu'il ne s'agit pas de douves bien profondes, mais d'un étang tout bête.
Alors un peu d'histoire au départ, mais z'allez voir, c'est d'un fade, d'un quelconque... Je me suis quand même documenté, mais malgré mes investigations, je ne me souviens pas (ne pas) avoir trouvé si peu d'information intéressante sur un monument historique. Par "information intéressante", j'entends la présence de personnages importants, de guerres bouchères, des légendes truculentes, d'architecture sculpture peinture prodigieuses, enfin des trucs bien. Rien. Z'allez voir, c'est plat. Pire, c'est concave, genre même pas zéro, c'est dans le moins... pour vous dire. Donc le bled de "Lhota" ("Jenczenslag") serait né vers la mi-XIII ème siècle, alors que la région appartenait aux sieurs "z Hradce" (de "Hradec", de "Jindřichův Hradec", à 15 km de là). En 1382, l'on attribut la propriété du bergfried au sieur "Mikuláš Podlavička z Vícemile" parce que "Vícemil" était sa résidence, et que "Červená Lhota" à seulement 2 km de là ne pouvait vraisemblablement pas appartenir à quelqu'un d'autre puisque les seigneurs, c'est comme les bêtes sauvages, ça doit posséder son territoire étendu rien qu'à soit, et pisser régulièrement sur les frontières afin d'en affirmer la propriété auprès des mâles envieux comme des femelles lascives.
En 1597, c'est le fumier de voisin de la famille "z Rybňan", "Vilém Růt z Dírné", qui acheta le domaine, mais ce n'est qu'en 1602 (raisons fiscales, bien sûr) que les bougres passèrent devant le notaire et signèrent l'acte de vente faisant mention d'un "bergfried à nouvelle et rouge Lhota". Le nom final venait de naître, "Červená Lhota". Puis arriva la bataille de la montagne blanche. Alors on ne sait pas très bien si la famille "Růt z Dírné" (utraquiste) prit part à quoi que ce soit contre l'empereur, mais en 1621 "Bohuslav Růt z Dírné" dut quitter le pays avant l'arrivée des troupes de Balthazar Marradas (à la solde des catholiques. Fumier!) Notre castel fut alors occupé par un officier de cette bande de vermines, un certain "Antonio Bruccio", qui se distingua en faisant remplacer le pont en bois par un pont en pierre après avoir fiche son pied au travers d'une planche vermoulue.
En 1693 ça devient un foin sans nom, parce que les "Slavata" décèdent avec le dernier d'entres-eux, "František Leopold Vilém Slavata"... enfin le dernier héritier. Tiens, attends-voir, parenthèse. Lorsque le bougre "Ferdinand Vilém Slavata" (alors représentant de la famille) mourut en 1673 après avoir enfanté 4 filles, il ne restait plus que ses 3 frères cadets pour sauver la situation mal barrée en terme de filiation mâle. Et c'était encore plus mal barré lorsqu'on sait que parmi les 3 frères, les 2 plus jeunes étaient dans les ordres. Alors on invita prestement le seul laïc à mettre ses roustons au travail, et on l'encouragea même à la tâche avec des "vas-y mon gars", "hardi-petit", "poussez, poussez...", jusqu'aux aïeuls aïeux qui chantaient "♪ mets de l'huiiile ♫" dans la chambre à coucher lors des saillies. Dans la même année (en 1673) "Jan Jiří Jáchym Slavata" mit au monde (enfin sa femme mit au monde)... une fille, sa seconde fille. Eh ouais, pas de bol. "Bon, ben, t'y retourne mon gars, hein, tu n'vas pas nous laisser tomber comme ça sans dec...". "Jan Jiří Jáchym" remit le couvert, et un an plus tard (en 1674), il mit au monde (enfin sa femme mit au monde)... une autre fille, sa troisième fille. Les boules dantesques et maudites! Alors la famille se mit à prier fidèlement, à brûler des cierges gargantuesques à St Antoine, cuire de la compote de gingembre à la mandragore et oindre les roupettes du géniteur à la pommade cèleri-fenouil, parce que comme dit le dicton: "si la femme savait ce que le cèleri fait à l’homme, elle irait en chercher de Paris jusqu’à Rome. Et si en plus elle le cuit au fenouil, en pastèques furieuses elle lui transforme les c..." Ben ouais mais non. Rien n'y fit et le pauv' gars n'en pouvait plus.
Mais revenons en 1693, lorsque 2 ans auparavant décéda "František Leopold Vilém Slavata" et que son frère "Jan Karel Jáchym" fit clairement savoir à sa famille qu'il ne fallait pas compter sur lui... enfin sur ses roupettes. "Ah ben nous v'là bien, tiens, et on fait quoi maintenant?" se dit alors la famille.
D'extérieur, vous entrez dans l'enceinte du château sous une tour en plein dans le prolongement du pont. Les voûtes sous cette tour sont les restes du bergfried gothique originel, mais les peintures sont quant à elles bas-baroque (de "Giovanni Tencalla"). Le carré que vous voyez aujourd'hui et qui forme notre castel fut construit sur la base de 3 bâtiments gothiques se trouvant dans l'enceinte du domaine seigneurial vers la fin du XIV ème siècle. Les restes de ces fondations sont parfaitement visibles dans les soubassements (caves) selon le guide, mais c'est bien entendu inaccessible pour la plèbe. Et pour l'anecdote, en cette période gothique, l'entrée dans l'enceinte du château se trouvait à l'opposée d'aujourd'hui car en cette époque, il n'y avait pas encore d'étang tout autour du bâtiment, ni de pont du mauvais côté. Bien, et comme il est strictement interdit de prendre des photos à l'intérieur malgré que le parking extérieur vous en coutera 50 CzK ("♪ mets de l'huiiile ♫"), je m'en vais au moins vous dire ce que vous pourrez y voir, si jamais vous faites le détour malgré que vraiment... enfin bon, c'est vous qui voyez, hein?
Les amoureux de la nature trouveront leur bonheur tout autour du château. On peut s'y promener dans le parc, c'est plein de verdure bucolique et l'on peut même faire de la pirogue tout autour en comptant fleurette à sa mie (ou contant fleurette à sa mie, au choix). D'aucuns y emmènent leurs conquêtes qui se sentent comme princesses au pays des merveilles, d'autres y emmènent leurs enfants ou leurs invités, bon, faut juste être connaisseuramateur du romantisme cucul à la sauce extra-niaise à l'instar du conte "Zlatovláska" tourné céans en 1973, et dont la stupidité des chansons comme du scénario classe cet ultra-navet parmi les pires réalisations cinématographiques du pays.
Il était une fois, il y a longtemps, très très longtemps, la fille d'un des propriétaires du château. Et celle-ci s'éloignait assurément de la foi en le seigneur pour adhérer en des croyances déviationnistes. Un jour, l'apostate refusa de se rendre à l'office prétextant la diffusion télévisée d'un reality-show débile, et lorsque les parents insistèrent lourdement dans la persuasion de les accompagner à l'écoute des saintes paroles, sous le coup d'une effroyable colère la juvénile pubère saisit ce qui se trouvait sous la main, et le jeta par la fenêtre. Mais loin d'être un vase Ming comme il est de coutume, ce fut un crucifix. Dans la seconde, le ciel s'assombrit, le château vibra de toute sa masse et la pièce où se trouvaient les protagonistes s'emplit d'une noire fumée âcre faisant tousser qui amena immédiatement le père à déclarer "c'est pas moi!".
Rapidement quelques mots sur la petite église qui se trouve sur le monticule d'à gauche en arrivant aux abords du château, parce que comme cet édifice eut une trajectoire totalement différente de notre castel, et comme je vous en ai pris des photos, et comme je vous en ai un peu parlé aussi auparavant, et donc rapidement... Elle naquit fort probablement au milieu du XVI ème siècle, et fut utilisée dès 1557 pour l'inhumation des 5 mouflets pestiférés de "Jan Kába z Rybňan". Lors de la guerre de 30 ans, elle prit un sérieux coup de vieux (abandon, pillage...) et c'est "Antonio Bruccio" qui la remit sur pied physiquement comme mentalement en la faisant re-sacraliser en 1635. L'église fut sécularisée fin du XVIII ème siècle lors des reformes de Joseph II, et n'y furent plus célébrées que des messes annuelles lors de la fête de la Ste trinité (le dimanche qui suit la Pentecôte) à laquelle l'église est d'ailleurs consacrée (trinité).
Pour terminer, il est fort probable que vous aurez à supporter des hordes de petits merdeux braillards, parce que leurs stupides parents ne se seraient jamais doutés qu'un chiard d'entre 2 et 6 ans n'a strictement, mais alors hypra-archi-méga strictement rien à fout' des visites culturelles.
Que rajouter de plus, ben rien. Ou si, attention, je ne dis pas que ce n'est pas beau, "Červená Lhota". Si, c'est beau, mais à l'instar de "Hluboká", en dehors d'être beau, c'est vide. C'est totalement creux d'un point de vue historique, artistique comme architectural. Et si vous rajoutez les kilomètres de stands à couillonneries pour touristes-pigeons, les 50 CzK de parking qui depuis des années me restent en travers de la gorge comme un poil entre les dents, la populace innombrable qui se rue au castel insipide alors que la région déborde de trésors, ben tout ça fait que malgré qu'il soit beau, ce château ne m'est pas du tout sympathique. Et juste pour terminer quand même, je me fous des 50 CzK de parking d'un point de vue budgétaire, c'est 1,5 bières, alors vous pensez bien que je dépense nettement plus que ça dans une petite journée bien moyenne. Non, ce qui me dégoute, c'est que 50 CzK, c'est généralement 50% à 75% du prix d'entrée à l'intérieur du monument visité, et quand vous comparez l'apport culturel d'une visite par rapport à 2h de stationnement sur un stupide emplacement, faut quand même remettre les choses à leur place non? Tiens, rapide calcul.