Le point de départ de l'aventure, à chaque fois, est un constat évident, pourtant très peu exploité à ce jour : au sein du segment des professionnels, aux besoins tellement variés et hétérogènes, les médecins représentent naturellement une cible attractive, par leur position dans l'échelle sociale et patrimoniale (surtout aux États-Unis), par leur nombre conséquent (bien qu'il s'agisse d'une niche) et, bien sûr, en raison des possibilités de concevoir et développer des offres précisément adaptées à leurs attentes.
La démarche de Nitra en la matière est absolument représentative de ce qu'on attend d'une jeune pousse partant d'une feuille blanche, alors même que ses fondateurs sont, pour la plupart, issus de l'industrie bancaire. Derrière son slogan « focalisez-vous sur vos patients, pas vos finances », la mission qu'elle se donne consiste à fournir à ses clients une palette d'outils qui les libère des tracas de la gestion opérationnelle de leur activité au quotidien, intégrant suivi analytique, réconciliation comptable…
En ligne de mire, il est aisé d'imaginer une évolution vers la connexion aux plates-formes de prise de rendez-vous, de recrutement, d'assurance santé… et autres solutions familières des cabinets (dont certaines font déjà l'objet de partenariats). Il est vrai que le premier produit annoncé (dont le lancement est imminent) détonne un peu par rapport à une telle vision, puisqu'il prend la forme d'une carte de crédit aux avantages spécifiques, dont, par exemple, un « cashback » attractif sur les achats de fournitures médicales.
Nonobstant cette réserve, le contraste avec Laurel Road est saisissant. Typique de son héritage, cette dernière consacre tous ses efforts à la constitution d'une palette de services exclusivement financiers, provenant du catalogue existant de sa génitrice, considérés comme pertinents pour la population visée : refinancement du prêt étudiant, crédit d'équipement spécialisé, pilotage budgétaire avancé… Le tout ressemblant plus à une juxtaposition d'options variées qu'à l'assemblage d'une « expérience ».
Naturellement, la banque idéale pour les intéressés combineraient les deux modèles au sein d'une application universelle, où se côtoieraient les produits financiers et extra-financiers, le tout orchestré par un assistant virtuel intelligent prenant en charge les tâches administratives basiques et suggérant les autres actions à réaliser, au bon moment, avec un accompagnement de proximité. En attendant que les deux entreprises enrichissent leur proposition de valeur en ce sens, Nitra semble plus susceptible, pour l'instant et si elle respecte ses promesses, de prendre l'avantage sur sa concurrente…