Vivant dans la montagne, à l’écart du monde, Liam poursuit un loup qui a eu l’audace de venir rôder autour de ses enclos. En rentrant de cette chasse, il s’attend à voir émerger son fils de cinq ans, courant les bras écartés et les yeux pétillants vers lui. A la place, il retrouve sa femme inerte, à même le sol, couverte de sang et de griffures d’ours. Où est son fils ?
« On était des loups » emmène le lecture en pleine nature, sur une montagne aussi belle qu’impitoyable, en compagnie d’un homme qui a choisi de vivre en marge de la société. Même là, il évite de passer trop de temps auprès de sa femme et connaît à peine ce fils qu’il n’a pas vraiment vu grandir, trop occupé à vivre comme une bête au milieu de ses montagnes.
« On était des loups » invite à partager les pensées de ce chasseur qui se retrouve seul avec un gamin dont il ne s’est jamais occupé. Dans sa tête, c’est le chaos total, d’abord des questions logiques… Comment lui expliquer pour sa mère ? Comment élever un gamin seul dans un environnement aussi hostile ? Qui s’occupera du petit quand il ira chasser ?… puis des pensées plus horribles… Faut-il l’abandonner ? Le tuer ?
« On était des loups » est l’histoire dans un homme qui n’a pas les qualités requises pour être père, ni l’envie de l’être. Un roman sur le deuil et sur la paternité qui invite à suivre les pas d’un homme sur le chemin montagneux qui le conduira vers son humanité.
À chaque roman de Sandrine Collette (« Et toujours les forêts », « Les larmes noires sur la terre »), il me faut toujours un peu de temps pour m’habituer à son style, mais après quelques pages…BAM…me voilà entouré d’une tension palpable, capturé par le flux des pensées de cet homme certes taiseux, mais dont elle déroule les sentiments à la première personne grâce à de longues phrases quasi dénuées de ponctuation. Le lecteur se retrouve ainsi en apnée, dans la tête de ce personnage dévoré par le chagrin et horrifié par la tâche inhumaine qui l’attend : devenir père !
Mon deuxième coup de cœur de la rentrée littéraire après « Arpenter la nuit » de Leila Mottley.
On était des loups, Sandrine Collette, JC Lattes, 208 p., 19,90€
Elles/ils en parlent également : Yvan, Carole, Aude, Cannetille, Kitty