Le roman existe! dit Morel. Je le sais de source sûre. Il est de grande qualité, semble-t-il. On a même utilisé à son sujet le terme de "génial".
Pablo est l'auteur présumé de ce roman. Morel est l'éditeur de son seul et unique roman publié. Il s'adresse à Sybille qui avait illustré celui-ci pour qu'elle recherche le manuscrit de celui-là.
L'information vient d'une vieille dame, qui a écrit elle-même plusieurs livres et avec laquelle Pablo aurait eu une liaison. Les frères et soeurs de ce dernier détiendraient ses papiers.
Sybille avait accepté de rechercher le manuscrit, se demandant si elle n'avait pas eu tort. Mais, ayant terminé une série thématique qui rejoindrait les autres, invendues, cela l'occuperait.
Le roman d'Alain Bagnoud est le récit de cette quête, qui, à défaut de mettre la main sur le manuscrit, dessine le portrait hors normes de l'auteur disparu, sous des prismes très différents.
Car, très vite, il s'avère que le manuscrit ne se trouve pas dans les papiers de Paulo. Sybille y retrouve cependant des lettres révélatrices de cette sorte d'anar que Paulo était, assurément.
Sybille met beaucoup d'énergie dans cette quête qui l'amène à rencontrer des amis de Paulo lors d'apéros au Café de la Fouine et des Chemins de fer réunis, à faire bien d'autres rencontres.
Adepte de la méditation et de l'arbre de vie, quête faisant, elle se soutient moralement en ouvrant au mieux ses chers chakras et en imaginant de mettre en Cène les personnes rencontrées.
Ainsi rencontre-t-elle les anciennes maîtresses de Paulo, telle que Pascale. Ainsi le compagnon, Bill, d'un ancien amant de Paulo, Paul, lui permet-il d'en mieux cerner encore le personnage.
Tout ce qu'elle apprend à propos du mythique roman est qu'il s'intitulait L'Amant de la déesse Lune, titre inspiré du tableau de Girodet, Endymion, effet de Lune ou Le sommeil d'Endymion.
Un détail du tableau est en couverture du roman. Une des participantes des apéros, la poétesse JCR, voit en Endymion un symbole de l'Artiste, sélectionné entre mille par la déesse Séléné:
L'idée principale, c'est que les peintres, poètes, écrivains n'ont pas choisi, mais ont été choisis.
La quête de Sybille est sans issue, jusqu'à la fin. L'oeuvre d'une vie semble bien avoir disparu avec son auteur, qui aura préféré en faire un autodafé pour une raison inconnue et regrettable.
Francis Richard
L'Amant de la déesse Lune, Alain Bagnoud, 240 pages, Éditions de l'Aire
Livre précédent:
Rebelle (2017)