Déjà fortement engagé dans l'exploitation des opportunités de l'habitation connectée, l'établissement mutualiste renforce sérieusement sa position, à un niveau inédit pour le secteur, me semble-t-il, puisqu'il injecte 1,2 milliards dans le spécialiste de la protection des biens, s'emparant de la sorte d'environ 15% de son capital, avec lequel il affiche la ferme intention de développer les collaborations. Il allouera en outre jusqu'à 300 millions supplémentaires dans un fonds dédié à l'expérience du propriétaire immobilier.
Du haut de ses presque 150 ans, le partenaire retenu par State Farm n'est définitivement pas une startup, ce qui lui procure l'avantage incomparable de disposer d'une offre extensive. ADT couvre ainsi la lutte contre les différentes catégories de menaces existantes – intrusions, dégâts des eaux, incendies… – qu'elle aborde sous tous les angles – surveillance, détection, anticipation, optimisation… – grâce à une combinaison intelligente de technologie de pointe (avec Google, notamment) et de service humain.
Ce dernier aspect, rarement pris en compte dans les démarches similaires d'assureurs, s'avère particulièrement déterminant. En effet, la batterie de détecteurs la plus complète n'a qu'une utilité limitée si personne n'est prêt (et près) à réagir dans les plus brefs délais en cas d'alerte ou à prendre l'initiative lorsqu'une faiblesse identifiée requiert une intervention défensive. Il n'est pas toujours possible de compter sur les résidents (d'autant plus quand ce sont des locataires) pour prendre les mesures qui s'imposent.
State Farm vante de multiples avantages avec sa future intégration des produits d'ADT et il n'est pas uniquement question de réduire le nombre et la sévérité des sinistres déclarés par ses clients, ce qui lui permet cependant de promettre des réductions de primes attractives pour ceux qui joueront le jeu. Un facteur important (et peut-être un peu négligé) de l'équation est la tranquillité d'esprit qu'apporte l'espèce d'ange gardien que constituent les outils mis en œuvre, contribuant au bien-être des assurés.
L'évolution des risques autant que l'arrivée à maturité d'une myriade de technologies (et l'internet des objets n'en est qu'un exemple) créent progressivement une situation de rupture pour le secteur de l'assurance. La plupart des acteurs en sont encore à tâtonner parmi les réponses qu'ils peuvent envisager face à ces mutations existentielles. En comparaison, State Farm, probablement portée par son modèle mutualiste, n'hésite pas à miser à fond, dès maintenant, sur les solutions qu'elle estime critique pour son avenir.