Les gestes suicidaires ont diminué au début de la pandémie, malgré une augmentation des troubles anxio-dépressifs et des difficultés de sommeil. Les décès par suicide ont baissé respectivement de 20 % et 8 % durant les deux confinements de 2020 par rapport aux années précédentes. Les passages aux urgences et les appels aux centres anti-poison pour auto-intoxication ont aussi diminué pendant le premier confinement et au cours de l’été 2020 par rapport aux années précédentes. Les hospitalisations en court-séjour pour lésions auto-infligées, utilisées pour estimer le nombre d’hospitalisations pour tentatives de suicide, baissent également de 10 % en 2020 par rapport à la période 2017-2019. Selon la revue de littérature présentée dans ce rapport, cette baisse du nombre de gestes suicidaires s’observe dans la plupart des pays à revenus élevés ou moyens. Ce résultat suggère que certains aspects de la crise sanitaire, et tout particulièrement les épisodes de confinement, ont pu atténuer ponctuellement le risque suicidaire. Le sentiment de partage d’une épreuve collective, le moindre accès à certains moyens létaux, une surveillance accrue par les proches et une grande adaptation du système de soins psychiatriques peuvent expliquer ce phénomène. Cependant, si l’on considère les 15 mois écoulés de début janvier 2020 à fin mars 2021, le nombre global de décès par suicide, leur répartition selon l’âge ou le lieu du décès ne paraissent pas avoir été affectés par la pandémie. En France, sur cette période, 11 210 décès par suicide, dont 75 % concernent des hommes, ont été dénombrés grâce à un algorithme d’identification automatique des suicides dans les certificats de décès. Le chiffre annuel correspondant, non définitif, est ainsi légèrement inférieur à la moyenne observée au cours de la période 2015-2019 et semble s’inscrire dans la tendance à la baisse observée depuis le milieu des années quatre-vingt.
En novembre 2020, selon l’enquête Epicov, 2,8 % des 15 ans ou plus déclarent avoir pensé à se suicider au cours des douze derniers mois (2,5 % des hommes et 3,1 % des femmes). Cette proportion varie significativement selon les caractéristiques sociodémographiques et les comorbidités des individus, notamment en la défaveur des femmes, des personnes dans une situation financière difficile, de celles présentant un handicap, des syndromes anxio-dépressifs, des comportements boulimiques ou des symptômes évocateurs du Covid-19. Les individus jeunes sont également significativement plus touchés : 5,0 % des 15-24 ans (3,6 % des hommes et 6,4 % des femmes de cette tranche d’âge) sont concernés, contre 1,3 % des personnes âgées de 75 ans ou plus (0,9 % des hommes et 1,6 % des femmes de cette tranche d’âge).
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Dans ce contexte, des recherches financées par l’Observatoire national du suicide soulignent que la prévention du suicide auprès des jeunes fonctionne quand elle est systémique, c’est à dire quand les différentes ressources s’articulent et se renforcent. Les résultats de ces recherches invitent également à interpréter le geste auto-infligé à la lumière de la trajectoire de l’individu plutôt que comme un acte isolé.