Montaigne semble avoir écrit sur tout. Y compris sur la retraite. (De la solitude, dans Les essais.)
Comme souvent, il semble plus moderne que nos contemporains. Car, c'était un retraité moderne. Il a pris sa retraite alors qu'il était en pleine possession de ses moyens.
Quand on a beaucoup donné aux autres, que l'on n'a plus rien à apporter, on peut prendre du temps pour soi. "La plus grande chose au monde, c'est savoir être à soi."
Donc, danger : aliénation. Se faire prendre au piège d'une activité qui n'est qu'un passe-temps, qui empêche de regarder la réalité en face. La retraite ne s'improvise pas. Il faut "conformer sa vie aux règles de la raison, l'ordonner et l'arranger par une réflexion préalable". "Retirez-vous en vous, mais préparez-vous premièrement à vous y recevoir."
Il est question de "voie" comme dans le taoïsme : "voie qui consiste à vous contenter de vous-même, à ne rien emprunter qu'à vous-même, à arrêter et à fixer votre âme sur des pensées déterminées et limitées où elles puissent se plaire, puis, quand vous aurez reconnu les vrais biens dont on jouit à mesure que l'on comprend, à vous en contenter sans désirer prolonger votre vie ou votre renom."
Je vis, puis j'analyse ce que j'ai vécu, et j'y trouve ce qui méritait d'être vécu ? C'est à la fin de ma vie que je comprends ce qu'elle avait de beau ?