Willibald, de Gabriella Zalapì

Publié le 07 septembre 2022 par Francisrichard @francisrichard

Willibald est un vieux prénom germanique qui au jeu de la décomposition donne "wiljô": volonté, désir, souhait et "baldraz" pouvoir, force, bravoure, audace.

Dans ce récit, son arrière-petite-fille, Mara, aimerait savoir qui est l'homme qui a tant aimé Le Sacrifice, un tableau qui est la seule chose qu'il a emportée avec lui quand il a fui Vienne en 1938.

Juif, Willibald, lors de l'annexion de l'Autriche par les Allemands, risquait sa vie. Il avait pliée l'oeuvre et mise dans sa valise, laissant derrière lui d'autres peintures qu'il récupérerait après la guerre.

Ce tableau, grand format, représente Le Sacrifice d'Abraham, une oeuvre significative de Govaert Flink, un apprenti de Rembrandt, que sa mère, Antonia, a dû se résoudre à vendre en 1988.

En 2015, Antonia reçoit un coup de téléphone d'un musée de Vienne qui a des verres ayant appartenu à Willibald à restituer. Elle demande à Mara de l'aider à trouver les documents dont ils ont besoin.

À cette occasion, vingt-six ans après la vente aux enchères du Sacrifice, Willibald fait son retour dans la vie de Mara. Laquelle va chercher les documents dans le hangar de leur maison de Toscane.

Dans ce hangar, Mara passe trois jours à sortir les valises qui contiennent du papier et à les transporter dans la Maison de Poupée, une petite maison de pierre juste à côté du hangar, afin de les trier.

La recherche des documents pour le musée est un bon prétexte pour redonner vie à Willibald et pour faire parler sa mère qui, jusqu'à présent, ne lui a pas dit grand-chose sur lui, ni sur sa famille.

Peu à peu se dessine le portrait de Willibald, qui est plus complexe que Mara ne le pensait. En effet, le puissant industriel, dans ses lettres adressées à un certain Félix, apparaît fragile, sans socle.

Exilé au Brésil depuis l'automne 1940, il revenait chaque année en Europe pendant deux trois mois pour des affaires à régler et des contrats à signer. À ce moment-là, il logeait chez Antonia.

Willibald aurait bien aimé renouer avec sa famille et retourner pour de bon en Europe. Mais les choses ne se passent pas avec elle comme il l'aurait souhaité, notamment avec sa fille Esther.

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Croyant bien faire, Willibald commet l'irréparable avec sa petite-fille Antonia, qui pensait naïvement qu'un vrai lien les unissait. Le lecteur comprend alors tout le sens que prend Le Sacrifice.

Francis Richard

Willibald, Gabriella Zalapì, 160 pages, Zoé

Livre précédent:

Antonia, journal 1965-1966 (2019)