Dernière journée ce mercredi à Hongkong avant le transfert vers Pékin pour la fin des Jeux (avec je l'espère un tour du côté du triathlon le 19 pour voir nos Français aller chercher une breloque) entrecoupé d'un aller-retour à Hongkong le 21 pour la finale du saut.
Il n'y a donc pas eu de miracle pour l'équipe de France de concours complet. Pas de médaille à ramener dans les valises. Alors évidemment, il est toujours possible de sortir les flingues et de dézinguer dans tous les sens. C'est même assez facile. Mais serais-ce juste ? J'ai tendance à penser que non. Le problème de l'équitation, c'est qu'il y a un... dada. Et ces bébêtes ont beau avoir de nombreuses qualités, être "courageuses à la barre", elles ne sont pas encore dotées de la parole et ne peuvent par conséquent pas expliquer comment elle se sont blessées et si la douleur est supportable ou bien rédhibitoire. Ce serait pratique si Galan de Sauvagère avait pu dire à Nicolas Touzaint "tin, fais chier, le tonnerre m'a fait sursauter cette nuit et je me suis niqué le genou en faisant un faux mouvement", mais hélas, ce n'est pas encore possible... C'est donc à l'homme de juger et de prendre des décisions. Ma religion étant depuis pas mal de temps maintenant le fatalisme, je ne peux qu'acquiescer dans le sens de l'équipe de France et avancer comme principale explication de cette bredouille le : "pas de bol". Que voulez vous faire quand vos deux meilleurs dadas, craints par toutes les nations, se mettent en vrac juste avant de commencer ?
Alors perso, je préfère retenir les formidables Jeux olympiques de Didier Dhennin (je n'oublie pas bien sûr Eric Vigeanel qui termine vingtième et qui a prouvé que le débat sur la sélection de son cheval âgé de 18 ans (c'est vieux pour un dada) était inutile. Didier donc, termine sixième. Pour être honnête, personne ne l'attendait à un tel niveau. Les esprits chagrins regretteront bien entendu son bug dans le dressage qui lui coûte la médaille de bronze et même les trois points de dépassement de temps dans la première manche du saut. Sans ces deux erreurs, on aurait même entendu La Marseillaise à Hongkong. Mais bon, trop facile là aussi de refaire le match. Parce que dans ce cas là l'Allemand qui a gagné aurait sûrement des regrets sur un passage du cross où il a perdu quelques secondes, l'Australienne qui est deuxième trouverait elle aussi des endroits où elle a perdu des points etc etc... Le fameux "si on avait pas tiré deux fois sur le poteau, on aurait gagné" ou d'une façon plus générale "si ma tante en avait..."... Il y a un classement final, bravo à la Teutonnie qui fait le doublé par équipes et individuel, et basta. Et plutôt que de regretter 10 000 trucs, mieux vaut se projeter vers le futur et penser que Didier, avec sa jument de seulement douze ans a de belles choses à vivre dans les années à venir.
A 46 ans, il découvre seulement le très haut niveau. Et ce n'est pas rien. Voilà ce qu'il me disait à ce sujet : "Le haut niveau, pour moi, ce n’était pas prévu. ça s’apprend. C’est un métier à part. C’est surtout un état d’être différent. J’exagère un peu mais quand tu te lèves le matin, tu dois déjà penser haut niveau, tu dois te brosser les dents haut niveau. Cet esprit doit se retrouver dans la gestion du cheval, dans son entretien, dans la concentration, dans la vigilance de tous les jours. Il faut réussir à faire abstraction des choses qui font friture sur la ligne. Et puis il faut aussi apprendre à anticiper et à se projeter dans l’avenir. On ne vit plus les choses de la même façon. Ces Jeux ont donc été une formation accélérée."
Enfin pour ce qui concerne la vie au quotidien à Hongkong, tout roule. Les navettes semblent enfin avoir trouvé leur rythme de croisière. Il y a encore quelques attentes mais dans l'ensemble ça roule. Le frigo qui sert de salle de presse nous permet de travailler dans d'excellentes conditions, idem pour la tribune de presse en extérieur. Côté sécurité, rien de très pesant. Juste un portique à franchir et un contrôle du sac. Et tout ça se fait dans la bonne humeur avec des bénévoles (il y a en a partout) toujours souriants et serviables. Je vous raconterai bien évidemment comment ça se passe à Pékin où se déroulent les Vraix Jeux.
Un mot justement pour évoquer ces JO. Comme toujours, ces deux semaines offrent une incroyable densité d'émotions. Il y a bien sûr la natation avec le blues de Manaudou dont je ne sais trop quoi penser, partagé entre l'envie lui mettre deux claques à cette sale gosse et l'indulgence au regard de son palmarès. Mais il faut avouer que la Manaudou ne laisse pas indifférente. Il y a aussi bien sûr Michael Phelps en route vers le record de Spitz, les records du monde qui, comme prévu, tombent à la pelle (fais chier de pas pouvoir voir la finale du 100m demain...). Et puis dans les autres sports, je suis content pour Dabaya et les filles du tir à l'arc qui vont amener un peu de lumière sur leur discipline, pour Boukpeti, le Français (oups pardon, le Togolais) du kayak, déçu pour Estanguet qui est passé au travers. Hélas, étant loin de tout ici à Hongkong, je passe au travers de plein de choses. Mais bon, je vais pas me plaindre. Et puis demain, c'est Pékin !
Photos: Plutôt que de vous mettre toujours des chevaux, un peu de tourisme (ça s'agrandit quand on clique dessus)