Passons maintenant à cette bonne vieille opposition entre réformistes et révolutionnaires. Est-il permis de dire que les uns et les autres doivent être jugés à leurs oeuvres et que, au vu du déroulement des événements de feu le XX° siècle, les performances des seconds n’apparaissent pas plus brillantissimes que celles des premiers. On est même fondé à considérer qu’entre les Suédois gouvernés par d’infâmes sociaux-démocrates et des Russes guidés par le glorieux PCUS ce n’était pas forcément ceux qui avaient le gouvernement le plus révolutionnaire qui étaient le mieux loti (comme dirait Pierre -cette, pauvre, astuce trouvera son explication dans ma prochaine note ).
On aura compris que je suis réformiste et fier de l’être. Ceci dit, et pour ne décourager personne, j’ai appris du seul mouvement important de révolte auquel il me fut donné de participer (i.e. mai-juin 68) que ce type d’événement est totalement imprévisible, complètement incontrôlable (la tête des “révolutionnaires” patentés ou non galopant derrière des masses qui n’en avaient rien à secouer de ce qu’ils pouvaient dire ou faire et leur soulagement lors du “retour à la normal” quand on pouvait feindre d’avoir organisé le boxon…) et que son évolution dans un pays de tradition, relativement, démocratique (on dira ce qu’on voudra, l’état de la conscience populaire a beaucoup changé en deux siècles) n’est, heureusement, pas dépendante des programmes communs ou non élaborés quand on ne soupçonnait même pas qu’une grève générale soit de nouveau possible.
La vérité aussi, c’est qu’il faut bien vivre dans l’ordinaire des jours et subir l’inévitable érosion de tout idéal qu’entraîne aussi bien le gouvernement des hommes que l’administration des choses. Je ne dis pas qu’il soit impossible d’y résister mais j’ai des doutes sérieux et je me dis que les réponses sont encore à trouver. On y arrivera peut-être, mais d’ici là, comme nous le rappelle Arion , nous risquons de n’en rien savoir.
Chambolle, il réagissait à la note de Makhno : ” Le syndrome du “commissaire du peuple ”