Certains yogas aspirent à supprimer les mouvements (vṛtti), tous les mouvements.
Le Tantra propose des yogas différents : adorer le début et la fin des mouvements pour transformer les mouvements. Une alchimie d'écoute et, donc, d'amour.
Les mouvements ordinaires, pleins de souffrance, chevauchent les souffles de l'inspir et de l'expir. Ils sont attraction et aversion, passion et colère, naissance et mort, exaltation et abattement, combat et fuite, et ainsi de suite.
Entre eux palpite le Souffle originel, comme entre les articulations, entre les doigts et autres interstices du corps subtil.
"Adorer", c'est donner son attention.
Quand le début et la fin des mouvements ne sont pas adorés, ils deviennent inconscience et profond sommeil. Les mouvements sont alors états de veille et de rêve, perception et imagination dont on se sent le jouet.
Ces trois états se succèdent sans cesse et forment le samsâra, le cycle de l'existence absurde.
Quand le début et la fin des mouvements sont adorés, tout devient le pur cycle de la créativité de la Présence, la dans de la conscience.
Les mouvements ne sont pas à bloquer ni à supprimer, mais à écouter en leur surgissement et en leur fin. Aube et crépuscule.
Epouser les moments de suspens.
L'écoute des intervalles est le secret du Tantra.
Supprimer les mouvements (vṛtti) revient à supprimer la Shakti, la Déesse ; car, comme le chante la Célébration de la Déesse :
yā devī sarvabhūteṣu vṛttirūpeṇa saṃsthitā /
namastasyai namastasyai namastasyai namo namaḥ //
"Hommage, hommage,
hommage à toi, hommage à toi, hommage à toi,
déesse présente en tous les êtres
sous la forme du mouvement !"
(Mârkandeyapurâna, 82, 29)
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