Comment bâtir un CNR. Suite.
Le CNR de la résistance. La situation était à la fois pire et meilleure qu'aujourd'hui. Pire, parce que résistants et collaborateurs, dénonciateurs et déportés, militaires putschistes et intellectuels révolutionnaires (après avoir été pacifistes !), communistes 5ème colonne de Staline (30% du vote populaire et syndicats d'un pays industriel) et rouleau compresseur "atlantiste" (Roosevelt voulait rayer la France, trouble à l'ordre public, de la carte !)... Meilleur, parce qu'après la guerre, il y aurait la lumière. On avait compris les raisons de la crise économique cause du nazisme ; il fallait reconstruire ; et surtout le progrès scientifique, phénoménal et sans précédent, promettait le paradis sur terre. Aujourd'hui, nous ne savons pas où nous allons. Les crises succèdent aux crises. Et c'est peut-être cela notre avenir.
Donc, nous avons besoin de résilience pour absorber ces crises. Ce qui veut dire : solidarité. Effectivement, l'Etat est devenu un "fonds de solidarité". Seulement, il faut l'alimenter. Et là, bonne nouvelle : comme le rappelle ce blog, notre pays a un potentiel gigantesque. Seulement, pour le "réaliser", il faut, une fois de plus, de la solidarité, de la "chasse en meute".
A ce point du diagnostic, ce qui manque est un "stretch goal", une phrase qui donne l'esprit du changement. Comme "progrès" le fut durant les 30 glorieuses. Comment la trouve-t-on ? La "méthode navette".
La méthode navette consiste à identifier les "personnes clés" du changement et à leur demander comment elles voient la situation du pays ; que faire, en pratique, pour résoudre les problèmes soulevés. Après quelques navettes, il émerge une base commune et une série "d'alternatives". Tous sont d'accord sur les fondations du problème, mais proposent des moyens différents de le résoudre. C'est à ce moment qu'apparaît la "petite phrase". On est d'accord sur l'avenir. Mais pas encore sur la voie à adopter pour y parvenir.
On passe alors en "mode projet". On présente ce sur quoi les participants sont d'accord (surprise !), et les questions à résoudre, sous la forme d'un problème mathématique (X propose telle option : analysons ce que signifie sa mise en oeuvre). Le groupe a pour but de le résoudre. On découvre alors qu'il y a beaucoup moins d'écart entre chacun qu'on ne le pensait. Mais aussi que certains sont intraitables sur certaines questions. Mais que cela ne coûte quasiment rien de ne pas les frustrer. Au bout de quelques essais, on a un plan approuvé de tous. Il est probable que c'est comme cela que se faisait la planification d'après guerre.
Le principal résultat du mode projet n'est pas tant un plan d'action qu'une "équipe", des personnes qui se comprennent à demi mot, et qui vont désormais réagir "en équipe". En particulier aux crises...