La grève semble être une maladie de la raison. Particulièrement quand elle touche la SNCF. Car le discours, pseudo marxiste, du syndicat tourne à vide : c'est un service public. A croire qu'il veut que les chemins de fer soient privatisés, afin de se retrouver dans une lutte des classes consubstantielle.
En fait, c'est probablement une maladie de notre structure sociale. Les dirigeants de la SNCF et du reste du pays, sont construits sur le modèle de l'ancien régime. Ils dirigent par la seule vertu de leur naissance, certifiée, désormais, par l'Education nationale. Etant incapables de comprendre quoi que ce soit à ce qu'ils font, la désorganisation et le conflit sont inévitables. Les syndicats sont les maîtres de la SNCF.
L'Allemagne a, depuis longtemps, modélisé la question : nous sommes une "société d'individus" (ce qui est un oxymore). Chez elle, syndicat et patronat sont dans le même bateau. De même, d'ailleurs, que tous les Allemands.
C'est en écoutant la BBC que je pense à cela. L'Angleterre s'affiche beaucoup plus ouvertement que la France comme une société de classes. Il y a, d'un côté, une élite assez large, qui est très habile à maintenir ses privilèges et ses institutions (en particulier ses grandes écoles), et de l'autre, une masse animale. Cette dernière est maintenue dans l'ignorance, ce qui la rend facile à gouverner. En revanche, lorsque sa situation s'aggrave, ses pulsions sont incontrôlables.
Curieusement, le meilleur de l'intellect français a travaillé à cette question, au début du siècle dernier, mais sa pensée a été totalement oubliée.