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Les hauts et les bas du billet de train à 9 euros

Publié le 04 septembre 2022 par Espritvagabond

Je n'avais pas abordé le sujet lors de notre entrée (tumultueuse) en Allemagne, mais c'est quelque chose qui a marqué notre traversée du nord vers le sud - et qui en plus, touche aux politiques de transports en commun, un sujet sur lequel je me suis souvent étendu sur ce blogue (notamment lors de mon premier passage en Scandinavie.)

Lors de notre première exploration de l'Europe en 2003, nous avons pris beaucoup de trains dans plusieurs des pays visités - Belgique, Allemagne, République Tchèque, Autriche, Slovaquie, Italie, France... même en Grèce. Les souvenirs de ces trajets sont divers mais une constante demeurait: l'efficacité des trains allemands.

Ce souvenir a complètement été déboulonné par la présente expérience: pour ma part, je ne pense pas avoir vécu un chaos, une désorganisation et une inefficacité aussi patente nulle part ailleurs en Europe qu'en Allemagne en 2022. Trains en retard ou annulés, wagons bondés, gares désorganisées, quais qui débordent, longues attentes inexpliquées en gare ou au milieu de nulle part ou toutes ces choses sur l'ensemble de nos trajets... Sur place, tout le monde rejette la faute sur le billet à 9 euros.

Afin de stimuler à la fois l'usage des transports publics et le tourisme local en Allemagne, le pays a instauré une politique assez unique et audacieuse: un billet de transport à 9 euros (environ 12$ cdn) qui était valide pour tout un mois de calendrier au moment de son achat, que ce soit en juin, juillet ou août 2022. Un mois de validité pour 9 euros. Cette "passe" à 9 euros donnait accès, pendant cette période de validité, à tous les trains régionaux, tous les trains de banlieue, tous les métros, tous les trams, tous les bus, partout en Allemagne. Autrement dit, même si vous vouliez utiliser tous ces modes de transport à répétition tous les jours pendant ces 3 mois, il vous en coûterait seulement les 3 passes mensuelles (donc 27 euros pour du transport collectif pendant 3 mois).

Les hauts et les bas du billet de train à 9 euros


Mon billet à 9 euros.

Étant arrivé en Allemagne le 21 août, nous avons acheté notre billet à 9 euros à Flensburg, et il nous aura permis de nous rendre jusqu'à Brême, puis de là, de visiter Hambourg, puis Lübeck, puis de descendre vers Mannhein et visiter Heidelberg et Ladenburg. Nous avons aussi utiliser le métro de Hambourg, puis le tram de Brême et le métro de Munich, en plus de pouvoir nous rendre à Regensburg et de faire 90% du trajet à Salzbourg sur ce billet - ne payant que pour la partie Autrichienne du trajet, soit 3,10 euros par personne.

C'est proprement hallucinant comme mesure incitative de transport public.

S'il y a un "mais" à cette mesure, c'est que ceux qui l'ont instauré ont clairement sous-estimé sa popularité éventuelle; les trains régionaux, en particulier, étaient tous bondés; Flensbourg-Hambourg-Bremen, de Bremen à Mannheim (5 trains régionaux différents pour relier ces 2 villes), les allers-retours dans les villes des environs, chaque train était tellement populaire que l'achalandage causait des retards (large foule sur les quais et longs délais pour sortir et entrer dans les wagons, forçant le train à rester plus longtemps à chaque gare). Le résultat de cette popularité est évidemment d'avoir créé un certain chaos dans les gares et les trains, dont certains n'étaient pas très bien équipés pour gérer autant de passagers debout ne pouvant se tenir nulle part.

Nous avons donc pu traverser l'Allemagne presque en entier, faire des excursions dans des villes voisines et utiliser tous les transports en communs locaux au besoin, sur un billet de train à 9 euros. Et nous n'avons été en Allemagne que pour 11 jours! Évidemment, cette économie substantielle de transport a aussi eu son coût en lot de trajets bizarres, très longs, ou carrément inconfortables (2h30 de train debout n'est jamais l'idéal).

Ceci dit, le chaos noté dans les trains allemands n'est pas nécessairement toujours la faute au billet à 9 euros; Le premier train (la liaison Copenhague-Hambourg) dont j'ai parlé dans mon billet d'entrée en Allemagne n'était pas couvert par ce billet à 9 euros, ce qui n'a pas empêché le chaos des sièges, le mauvais affichage et les retards multiples (sans compter que nous avons du descendre à la frontière faute d'avoir pu réserver un siège spécifique).

Aussi, le dernier train que nous avons pris en Allemagne (nous menant de Munich à Bologne en Italie) n'était pas un train régional, donc nous devions payer le plein tarif habituel, mais il était tellement achalandé que nous avons du passer 5 des 7h du trajet sans siège! Heureusement, de gentils passagers nous ont permis de nous asseoir sur leur grosse valise métallisée dans un coin du wagon pendant la période où nous n'avons pas eu de siège disponible.

Le lecteur de ce billet comprendra que toutes ces observations sont anecdotiques, autant sur l'efficacité légendaire des trains Allemands en 2003 que sur leur incroyable inefficacité en 2022. Il n'en demeure pas moins que c'est exactement le genre d'expérience qui marque un voyage et un souvenir qui restera avec nous par la suite.

La morale de l'histoire des billets à 9 euros reste assez claire: quand les transports en commun ne sont pas chers, les gens les utilisent; l'expérience du billet à 9 euros allemand est on ne peut plus concluante sur ce point-là au moins, la popularité de ce billet peu cher pour ce qu'il permettait d'utiliser a certainement dépassé toutes les attentes de ceux qui l'ont imaginé.

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