Les ballerines rouges, d'Anne Prêtre

Publié le 04 septembre 2022 par Francisrichard @francisrichard

On y parle d'Elle, de Lui, de leurs rencontres et de leur vie.

On ignore comment ils s'appellent, où ils vivent parce que cela n'a pas d'importance.

Cela n'a peut-être pas d'importance, mais le fait est que nommer les êtres et les choses est rassurant. Et, là, le lecteur perd très vite pied. Il ne lui reste plus que deux solutions: résister au courant ou accepter de se laisser emporter par lui.

C'est bien sûr la deuxième attitude qu'il convient d'adopter pour savourer ce roman où une femme et un homme ne peuvent se passer l'un de l'autre tout en faisant des pas de côté pour mieux se retrouver plus tard et se tenir par la main.

Elle rêve aussi bien éveillée qu'endormie, si bien que le lecteur ne discerne plus bien le vrai du faux, encore qu'il ne faille pas considérer que les rêves soient moins vrais que la réalité. En somme, c'est le surréalisme comme mode de vie

Lui a une moustache, quelque chose qu'elle sait de lui, parce que, sinon, elle ne sait pas grand-chose sur cet homme, ni sur la vie en général. Elle sait aussi qu'il est beau. Or ça tombe bien: elle ne peut aimer que des hommes beaux

Physiquement et moralement, ils ont un besoin irrépressible l'un de l'autre. Pourtant il va se marier. Elle n'aime pas les hommes mariés, même ceux qui le sont avec elle, lui dit-elle. C'est bien pourquoi il ne le lui propose pas, lui dit-il. 

Ce qui le séduit chez elle et le bouleverse, c'est qu'elle lui fait découvrir la beauté de l'imprévu et les délices de l'imaginaire. D'être marié n'y change rien. Il voudrait se poser, mais elle a la bougeotte, et il la suivrait jusqu'au bout du monde:  

La vie n'a de sens que lorsqu'elle bifurque sans crier gare.

Francis Richard

Les ballerines rouges, Anne Prêtre, 272 pages, Slatkine