REVIEW – Visiblement l’article de presse à la mode en ce moment c’est celui qui déglingue la dernière édition du festival Rock en Seine. Il y a également ceux qui dézinguent les prestations scéniques de certains artistes (Arctic Monkeys, Izia et Tame Impala pour ne citer qu’eux). Voici donc notre version, parce que oui, il y a du bon à retenir ! Dans ces lignes pas de pensées néfastes, pas de commentaires négatifs, pas de mauvais mots : on vous raconte tout ce qu’on a aimé sur cette édition 2022 de Rock en Seine !
Le gros point fort de cette année, c’est bien évidemment la richesse de la line-up. D’ordinaire programmé sur 3 jours (du vendredi au dimanche), nous avions droit cette fois à un démarrage dès le jeudi après midi avec un programme rock et alternative bien chargé : Arctic Monkeys, Fontaines DC, Idles, Tame Impala, Nick Cave and The Bad Seeds, London Grammar, Yungblud, La Femme, Izia, The Liminanas, Yard Act, Inhaler ou encore Squid. Contrairement aux 3/4 années pré-Covid avec un Rock en Seine qui s’éloignait de plus en plus de ses racines, l’affiche nous promettait une orgie de gros riffs. Et bien sûr, on pourrait évoquer le cinquième jour un peu particulier prévu le mardi 30 août avec un bel enchaînement Frank Carter and The Rattlesnakes – Run The Jewels – Rage Against The Machine, annulé en début de mois suite aux problèmes de santé de Zack de la Rocha.
Léger bémol, la majeure partie de cette belle promesse se déroulait dès le premier jour de festival, ce qui peut être également vu comme un point positif : pas besoin de s’acheter un pass de plusieurs jours pour se prendre du gros son dans les oreilles. On retiendra de ce périple parisien la venue de Marion Brunetto et sa bande. Requin Chagrin a ouvert ce Rock en Seine 2022 sous un ciel menaçant de la plus belle des manières. L’article détaillé est d’ailleurs à retrouver par ici. Dans le même temps, les britanniques de Yard Act chauffaient la scène de la cascade devant un public déjà dense. De « The Overload » à « Payday » en passant par « Rich », le groupe déballe l’essentiel de son excellente première galette parue en début d’année.
Le jeudi toujours, les festivaliers avaient droit à non pas un , mais deux apéro en attendant Arctic Monkeys. Idles succédait à Yungblud sur le main stage, puis Fontaines DC clôturait la journée sur la scène de la cascade. Après un show de l’anglais teinté de flammes, piercings et bisous dans tous les sens, Joe Talbot and Co pouvaient enfin entrer sur le ring. On notera les valoches sous les yeux de Joe façon nouveau père de famille avec un marmot qui ne fait pas ses nuits, mais pour lui on met ça sur le dos des 12000 concerts donnés depuis le déconfinement. C’est bien d’avoir l’envie, de produire un album par an pour ensuite le présenter en live, mais il faut savoir se reposer voyons les gars. Musicalement c’est très fort. Au sens littéral du terme, le gros son est enfin là. Démarrer par « Colossus », un slam dans le public et des jets de salive dans les airs alors même que le public revient tout juste d’Inhaler c’est un poil trop brusque. On aurait préféré une montée en puissance progressive, quelques nouveaux titres pour commencer pour finalement envoyer la sauce plus tard dans la soirée mais bon… on appréciera toujours autant les gus d’Idles. Reposez-vous les gars avant de revenir s’il vous plait.
La Grand Bretagne était à l’honneur en ce premier jour puisque Fontaines DC débarque à la tombée de la nuit pour un peu plus d’une heure de set. Seul hic, le gros morceau du jour démarre bientôt et même si les deux groupes ne se chevauchent pas, Grian Chatten voit son public se dépeupler peu à peu après une petite demi-heure. Il n’en reste pas moins que les anglais assurent et enflamment les quelques milliers de fidèles restés jusqu’au bout.
Quoi de mieux après cette journée très rock et très british de terminer par Alex Turner et ses copains ? Cette question est bien évidemment rhétorique. Pendant un instant nous avons cru être en 2014, date de la dernière venue d’Arctic Monkeys au domaine national. En démarrant par « Do I Wanna Know ? » puis « Brianstorm », le groupe reproduit exactement le même set qu’à l’époque. S’en suit ensuite une série différente, avec des morceaux issus de leurs deux derniers albums, dont « The Car » prévu en octobre prochain. Nous avons pu lire chez nos confrères un poil plus acerbes que les gars se sont assagis, qu’ils sont devenus trop lisses et que leurs concerts font trop « best of ». Le problème quand on s’appelle Foo Fighters, Metallica ou encore The Strokes, c’est qu’on a une flopée de tubes sur chaque album produit. Alex Turner et sa bande n’y échappent pas, après des débuts canons en 2005 et six albums connus et reconnus, difficile de sortir quelques chansons du lot moins populaires pour surprendre son monde. Qu’ils jouent « Crying Lightning », « Teddy Picker » ou « R U Mine ? », les anglais ne peuvent que remuer les foules, impossible de rester impassible. Alors oui, on admet volontiers que le groupe s’est policé avec le temps, que la fougue des années 2000 est nettement moins perceptible sur leurs dernières productions, mais faut-il vraiment les rouler dans la boue sous prétexte qu’on fait tâche avec un perfecto et des gants de cuir à leurs côtés ? Alex Turner n’a plus 17 ans et il a simplement fait évoluer ses compositions.
Le reste du festival paraît bien évidemment plus fade maintenant que l’essentiel de ce qui nous passionne est derrière nous. Il reste bien évidemment Nick Cave, cador parmi les cadors, qui met tout le monde d’accord avec ses Bad Seeds en clôture du vendredi. Le lendemain le groupe La Femme s’impose en véritable maître des lieux. Il faudra patienter encore un peu pour être programmés en soirée, mais ça n’empêche pas Sacha et Marlon de retourner Paris. Entre la très planante « Cool Colorado », l’explosive « Antitaxi » et le tubesque « Sur La Planche », la bande délivre une prestation XXL et invite son public à foutre le bordel avec elle. On aime leur spontanéité, on aime leur côté foutraque, on aime leur richesse, on aime La Femme ! La très attendue « Sacatela » ne tarde pas à être jouée, prémices du nouvel album à venir cet automne, dont la promo a été en partie assurée ce jour là par TrashGo, militant écolo. La soirée de samedi est ensuite ponctuée par Tame Impala. Pendant 90 minutes Saint Cloud est transformé en un véritable brasier austral. Le gourou Kevin Parker pénètre sur le main stage et enchaîne morceaux cradingues des débuts avec titres récents beaucoup plus psyché : nappes de synthé hypnotiques et colorimétrie acidulée au programme.
Nous n’avons pas encore évoqué la scène Ile de France, véritable tremplin pour la nouvelle scène musicale franco-française. On pourra retenir dans le lot les prestations remarquées de Ravage Club et Going Forward. Les premiers sont originaires de Boulogne sur Mer (solidarité avec eux, on imagine une enfance compliquée) et balancent un punk-rock chanté en français, tantôt parlé, tantôt crié. C’est brut, c’est sale, c’est terriblement libérateur. On vous conseille une bonne dose de Ravage Club tous les matins pour expulser les déboires du quotidien. Going Forward c’est une bande de potes fraîchement formée. Les types sont clairement nés 20 ans trop tard tellement leur musique baigne dans le rock californien à la Blink-182 et Green Day des débuts. On va d’ailleurs soumettre leurs morceaux pour la BO du prochain American Pie. On leur pardonne d’avoir usé de clichés punk tellement ils étaient enthousiastes à l’idée d’être là (eh ça fait plaisir de voir des rockeurs avec la banane). On pardonne également la baguette reçue en pleine gueule après le solo du batteur (note pour plus tard : ne jamais prendre de notes pendant le concert). Bravo les gars, et à très vite on l’espère.
Terminons avec le duo napolitain Nu Genea, accompagné de tout un ensemble de musiciens afin d’enrichir sa musique sur scène. Un joyeux bordel qu’on s’imagine écouter sur un transat au bord d’une piscine, un mai tai à la main. Une bonne dose de tropicalisme pour cette dernière journée. Mentions spéciales à November Ultra qui démarre son set submergée par l’émotion pour ensuite chanter dans un mélange de larmes et de morve. Izia également a su faire parler d’elle avec un show terminé en soutien gorge, c’est ça aussi le rock baby. Allez, à l’année prochaine Saint Cloud ?
Damien Rodrigues
Chroniqueur, homme à tout faire, surtout les mojitos : Alors… Damien… Disons que c’est certainement le plus dégueulasse de l’équipe. Non pas par ses origines ibériques, mais plutôt par son attitude. Mal rasé, mal coiffé, mal habillé, et en plus musicalement il est capable d’aimer à la fois de la musique de midinette (Michel Delpech et Indochine) et des sons plus cradingues dans la limite de l’écoutable comme King Gizzard, Ty Segall et autres artistes juste bons à grattouiller les cordes dans tous les sens et chanter en avalant le micro. Il fait beaucoup de choses, enfin surtout donner des ordres aux rédacteurs français, son but étant de prouver aux helvètes de Lords of Rock que les Français sont les meilleurs. Il veut être calife à la place du calife quoi. Autre fait amusant, vous remarquerez qu’il arrive à placer dans chaque interview qu’il est allergique aux sulfites. Genre le mec aime le rock mais pas la bière… Salopard.
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