Par Pascal Salin.
Un article de l’Iref-Europe
Les difficultés économiques actuelles suscitent évidemment des suggestions pour essayer de surmonter ces difficultés. Mais elles sont aussi l’occasion pour certains de profiter de cette situation pour essayer de faire admettre des propositions de politique économique auxquelles ils tenaient bien avant la crise économique actuelle.
Tel est le cas de ceux qui se déclarent en faveur de la création d’un revenu universel, c’est-à-dire un montant de ressources auquel tous les citoyens auraient droit.
Deux arguments essentiels contre le revenu universel
Tout d’abord un argument de principe : le revenu universel suppose que ses bénéficiaires ont des droits sur autrui. Or, ce qui est justifié d’un point de vue éthique c’est que les droits de propriété légitimes sur les ressources proviennent des efforts des individus pour créer ces ressources.
Il est immoral de prétendre que d’autres personnes ont des droits sur ces ressources. Par ailleurs il ne faut pas confondre les actes de charité volontairement faits par les propriétaires de ressources, par exemple pour des personnes pauvres – ce qui est louable – et le transfert de ressources par l’usage de la contrainte publique, ce qui doit être considéré comme immoral.
L’autre argument contre le revenu universel est de nature pragmatique (et non contradictoire avec l’argument éthique ci-dessus). Les bénéficiaires du revenu universel sont incités à ne pas faire d’efforts productifs ; par ailleurs, les impôts prélevés sur les autres citoyens pour financer le revenu universel diminuent leurs incitations productives.
En découle donc une moins grande production de biens et services, d’où il peut résulter une plus grande pauvreté de certains. On donne alors à ces derniers un revenu universel et l’on se trouve dans un cercle vicieux de diminution de la production et d’augmentation des transferts.
Alternatives
Certes il est vrai que si l’on substitue le revenu universel à une très grande variété d’aides – que l’on nomme à tort des « aides sociales » – on respecte mieux la liberté de choix des bénéficiaires de ces aides : ainsi ils choisissent le domicile qui leur convient au lieu d’habiter dans un « logement social ».
Mais cela ne constitue pas pour autant une justification du revenu universel : pourquoi favoriser la liberté de choix de certains aux dépens de la liberté d’usage de leurs ressources (y compris la liberté d’être charitable) par ceux qui doivent financer ces transferts ?
Milton Friedman a préconisé ce qu’il a appelé l’impôt négatif précisément pour qu’il remplace toutes les aides sociales et permette aux bénéficiaires d’avoir une plus grande liberté de choix. Mais on doit reconnaître que Milton Friedman, qui a défendu beaucoup d’idées libérales d’une manière remarquable, peut tout de même être contesté à ce sujet.
Le choix de la charité
Un système social optimal ne repose donc évidemment pas sur l’instauration d’une réforme telle que le revenu universel. Mais ce serait un système reposant sur la liberté individuelle et refusant donc l’exercice de la coercition, qu’elle soit privée ou légale.
Dans un univers de liberté, le sentiment de solidarité peut fort bien exister et l’Histoire de l’humanité montre bien qu’il a toujours existé des individus sensibles aux difficultés d’autrui et donc disposés à avoir un comportement charitable (par exemple par l’intermédiaire des mouvements religieux).
Or l’existence d’une prétendue solidarité sociale est en fait bien souvent la conséquence des propositions des hommes politiques pour être élus car on trouve toujours une majorité pour spolier une minorité. Mais elle a pour conséquence de faire disparaître l’esprit de charité volontaire.
Par ailleurs on doit admettre que tout individu dispose normalement des capacités d’avoir des activités productives qui lui permettent de vivre. Certes, certains ont une totale incapacité productive d’ordre physique ou intellectuel.
Mais on peut imaginer que, dans une société totalement libre et sans transferts publics, les parents prendraient une assurance pour leurs enfants avant même leur naissance pour qu’ils puissent disposer de ressources vitales si jamais ils ont une incapacité productive totale. Les gens libres savent trouver des solutions.