Les maladies auto-immunes au sens large augmentent le risque de maladies cardiovasculaires, révèle cette vaste étude épidémiologique de l’Université catholique de Louvain. La recherche, publiée dans le Lancet, montre pour la première fois que les risques cardiovasculaires affectent les troubles auto-immunes et qu'à l’inverse, ces maladies ont également des implications sur un large éventail de résultats cardiovasculaires.
L'étude est basée sur les dossiers de santé électroniques du Clinical Practice Research Datalink (CPRD) du Royaume-Uni, une très large base de données anonymisées réunissant environ 20 % de la population britannique actuelle. Parmi 22 millions de dossiers de patients, les chercheurs ont constitué une cohorte de patients nouvellement diagnostiqués avec l'une des 19 maladies auto-immunes. L’équipe a ensuite examiné l'incidence de pas moins de 12 résultats cardiovasculaires. Cette analyse révèle un risque accru de 60 % en moyenne de maladie cardiovasculaire chez les patients atteints d'une ou plusieurs maladies auto-immunes.
Cette augmentation du risque cardiovasculaire s’avère particulièrement élevée chez les patients plus jeunes et les troubles auto-immunes semblent ainsi jouer un rôle particulièrement important dans l'apparition de maladies cardiovasculaires prématurées, avec un risque de perte d'années de vie et une invalidité sévère chez les patients plus jeunes. .
Alors que plus de 10 % des populations des pays riches sont diagnostiqués avec maladies auto-immunes,
ces conclusions sont primordiales. Il existe un large spectre de maladies immunes dont la polyarthrite rhumatoïde, le psoriasis, la sclérodermie systémique, le lupus érythémateux et le diabète de type I et si de précédentes recherches ont déjà suggéré des associations entre certains de ces troubles et un risque plus élevé de maladie cardiovasculaire, ces études étaient souvent limitées à certaines de ces maladies auto-immunes ou à certains effets ou troubles cardiovasculaires.
L'étude documente un lien bien plus global entre les troubles auto-immunes et cardiovasculaires : l’équipe belge livre ainsi les résultats d'une enquête épidémiologique approfondie sur les liens possibles entre 19 maladies auto-immunes et la plupart des maladies cardiovasculaires. L’analyse révèle ainsi que :
- les patients atteints d'une maladie auto-immune ont un risque considérablement plus élevé, soit multiplié entre 1,4 et 3,6 fois selon la maladie auto-immune de maladie cardiovasculaire vs les personnes exemptes de maladie auto-immune ;
- cet excès de risque cardiovasculaire corrélé à la maladie auto-immune est du même ordre que celui lié au diabète de type 2, un facteur de risque cardiovasculaire bien connu ;
- les risques cardiovasculaires affectent également le risque de maladies auto-immunes en tant que groupe de troubles.
- Tout le spectre des maladies cardiovasculaires est exacerbé par la prévalence de ces 19 maladies auto-immunes étudiées et celles-ci pourraient être à l’origine d’environ 6 % des événements cardiovasculaires.
L'excès de risque cardiovasculaire se traduit sur l'ensemble du spectre des maladies cardiovasculaires, au-delà des maladies coronariennes, soit également, les troubles cardiaques liés aux infections, l'inflammation cardiaque, ainsi que les troubles cardiaques thromboemboliques et dégénératifs, ce qui suggère que les implications de l'auto-immunité sur la santé cardiovasculaire sont susceptibles d’être bien plus vastes qu'on ne le pensait jusque-là ;
- cet excès de risque corrélé à la maladie auto-immune n’est donc pas expliqué par les facteurs de risque cardiovasculaire traditionnels tels que l'âge, le sexe, le statut socio-économique, la pression artérielle, l'IMC, le tabagisme, le cholestérol et le diabète de type 2 ; les maladies auto-immunes apparaissent donc un facteur de risque cardiovasculaire indépendant.
- l'excès de risque apparaît particulièrement élevé chez les patients atteints de maladies auto-immunes de moins de 55 ans ce qui suggère le rôle clé de la maladie auto-immune dans l'apparition de maladies cardiovasculaires prématurées, avec des conséquences lourdes en termes d’années de vie en bonne santé, puisqu’il s’agit de patients plus jeunes.
« Il faut agir », alerte Nathalie Conrad, l’auteur principal de l'étude. « On voit que l'excès de risque est comparable à celui du diabète de type 2. Mais si nous disposons de mesures spécifiques pour réduire ce risque chez les patients diabétiques, nous n'avons pas de mesures similaires pour les patients atteints d’une maladie auto-immune ».
En conclusion, on retiendra donc qu'un large éventail de troubles auto-immunes sont associés à toute une variété de problèmes cardiovasculaires.
Source : The Lancet 27 Aug 2022 DOI :10.1016/S0140-6736(22)01349-6 Autoimmune diseases and cardiovascular risk: a populationbased study on 19 autoimmune diseases and 12 cardiovascular diseases in 22 million individuals in the UK
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Équipe de rédaction SantélogSep 2, 2022Rédaction Santé log