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Mécano de plastique…

Publié le 12 août 2008 par Lawrence Desrosiers
Je prends du retard sur le blogue, vacances obligent, malgré que ce ne soit pas la vraie raison. En fait, c’est l’indiscipline la vraie raison. Je crois qu’il n’y a rien de pire que de la laisser s’installer, prendre racine. Elle invite alors la paresse à s’incruster et on perd le rythme. Écrire fait partie de ma vie, jusqu’à ce que j’arrête. Il me faut alors me recentrer sur ce besoin qui est devenu si essentiel.
Revenons au titre de ce billet. Je veux juste raconter un événement banal qui m’est arrivé au Nouveau-Brunswick, le 4 août dernier.
Lors de notre retour, nous roulions sur la 11, la route qui relie le Nouveau-Brunswick du nord au sud. Il tombait des cordes depuis notre départ de Miramichi. C’était la journée où il y avait eu plusieurs inondations dans l’est du pays. À un certain moment, j’entends un drôle de bruit sous la voiture; une espèce de patlaw, patlaw, à répétition. J’aime bien décrire les bruits et patlaw est le mot inventé qui ressemble le plus au bruit que j’entendais.
Est-ce un bris mécanique dans la suspension? Une crevaison? J’arrête sur le bas-côté de la route, inquiet, afin de faire une vérification. Je ne vois rien. Pour être honnête, mes talents de mécano sont infiniment limités. Changer l’huile d’une tondeuse avec le petit processus dans les mains est déjà trop compliqué pour moi. Même vérifier le niveau de l’huile est compliqué alors imaginé s’il fallait que je doive en ajouter, wow, danger!
Je repars, fenêtre baissée, le bruit disparaît comme par enchantement. L’expression d’inquiétude sur mon visage fait place à un grand sourire béat. Je sens la voiture plus basse à l’arrière, côté conducteur. J’arrête. J’entends un pschiiiiiiiiiiiiiittttt. Le sourire béat fait alors place à ma bouille inquiète. Flat comme on dit. Merde, comme on dit peu souvent. Je demande à Marlène de m’aider à déplacer les bagages de l’arrière afin de récupérer la roue de secours. Une petite roue de brouette. C’est cette chose le pneu de remplacement? Je supplie mon amoureuse de sortir le livre qui dit tout de la voiture et de trouver le processus qui explique comment changer un pneu.
Il pleut.
Dans mon intérieur, il y a une prière qui défile, celle des Québécois mal pris. Il y a christ, puis calice, et enfin tabernacle. Tout d’un bout et avec l’accent, ça donne crisse de colisse de tabarnak. Puis le calme.
Il pleut.
J’essaie tant bien que mal de dévisser les écrous, avec le petit outil fourni avec la bagnole. Je force comme un damné, avec toujours la suite de mots de Dieu dans ma tête. Louis (mon beau frère) vient à ma rescousse, me disant de me servir de mes pieds. Merci Louis. S’il ne m’avait pas donné ce truc, j’aurais probablement renversé la bagnole dans le fossé, en répétant la suite de mots de Dieu.
Avec l’aide précieuse de Louis, nous avons réussi à installer la roue de secours.
J’ai replacé les bagages et j’ai pris la première sortie qui s’est présentée à moi. Direction Charlo.
À un poste d’essence, j’ai demandé à un monsieur, en anglais, où je pourrais trouver un garage pour réparer le pneu crevé. Il me dit, en français, que tout est fermé, c’est la fête du Nouveau-Brunswick, que j’aurai du mal à trouver un garage ouvert. Merde. Dans ma tête, les mots de Dieu reviennent. Soudain, comme frappé par un éclair d’espoir, il me dit : « Suivez-moi. Je crois que j’ai une solution, à quatre kilomètres d’ici, il y a un garage. » Sans aucune hésitation, je me lance à ses trousses.
Quatre kilomètres plus tard, le garage est fermé. Les mots de Dieu reviennent.
Un autre bon samaritain chuchote à l’oreille de mon guide. Espoir? Oui.
À un kilomètre, il y a une personne qui répare des voitures dans un petit garage derrière sa maison. Nous arrivons juste à temps, il était en partance. Il me dit qu’il va réparer la crevaison. Sa femme vient l’aider. Ils ont fait cela avec beaucoup d’empressement. Ce sont tous les deux de bonnes personnes, cela se sent.
Une fois tout réparé, je leur ai demandé combien d’argent je leur devais. Zéro. J’ai insisté, Marlène aussi, rien, ils ne voulaient rien. Je leur ai offert une bouteille de vin, ils ne veulent pas. Ils me disent que ce n’est rien changer un pneu et que ça leur a fait plaisir de me rendre ce service. Voyant mon insistance, ils me demandent si je voudrais placer une petite annonce afin de les aider à vendre leur moto, en plaçant une annonce ici à Baie-Comeau.
Alors la voici :

Honda Big Ruckus 2005
250 cc, 6800 km
4,200 $
Il y a un pare-brise et une sacoche inclus.
Si intéressé, m’écrire à cette adresse : [email protected]
Enfin, je remercie infiniment monsieur et madame Savoie de Charlo au Nouveau-Brunswick.
Lo x

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