et parce que ce qui s’est produit
se reproduit éternellement,
nous sommes tels que nous fûmes, tout
a changé en nous, si nous parlons
du monde
c’est seulement pour laisser le monde
non dit. Hiver précoce : pommes d’or non encore
chues
dans un arbre nu, traces
de cerfs invisibles
dans la première neige, et puis la neige
qui n’en finit pas. Nous ne regrettons
rien. Comme si nous pouvions rester
dans cette lumière. Comme si nous pouvions rester dans
le silence
de ce moment unique
de lumière.
*
Narrative
Because what happens will never happen,
and because what has happened
endlessly happens again,
we are as we were, everything
has changed in us, if we speak
of the world
it is only to leave the world
unsaid. Early winter: the yellow apples still
unfallen
in a naked tree, the tracks
of invisible deer
in the first snow, and then the snow
that does not stop. We repent
of nothing. As if we could stand
in this light. As if we could stand in the silence
of this single moment
of light.
***
Paul Auster (né en 1947 à Newark, New Jersey, États-Unis) – Disparitions (Unes / Actes Sud, 1993) – Traduit de l’anglais (États-Unis) par Danièle Robert.