À Élisabeth

Par Vertuchou

À Élisabeth

Hélas ! qu'il fut long, mon amie
T'en souvient-il?
Le temps de douleur endormie,
Ce noir exil

Pendant lequel, tâchant de naître
À notre amour,
Nous nous aimions sans nous connaître!
Oh! ce long jour,

Cette nuit où nos voix se turent,
Cieux azurés,
Qui voyez notre âme, oh! qu'ils furent
Démesurés!

J'avais besoin de toi pour vivre;
Je te voulais!
Fou,  je m'en allais pour te suivre,
Je t'appelais

Et je te disais à toute heure
Dans mon effroi
C'est moi qui te cherche et qui pleure.
Viens.  Réponds-moi...

Car à la fin je t'ai trouvée,
Force et douceur,
Telle que je t'avais rêvée,
Épouse et soeur,

Qui toujours, aimante et ravie,
Me guériras,
Et qui traverseras la vie
Entre mes bras.

Plus d'exil ! vois le jour paraître
À l'orient :
Nous ne sommes plus qu'un seul être
Fou et riant...

Oui, je t'ai retrouvée, et telle
Que je t'aimais,
Toi qui, comme un miroir fidèle
Vis désormais

Ma vie, et je t'aime, je t'aime,
Je t'aime ! et pour
L'éternité, je suis toi-même,
Ô cher amour.

Théodore de Banville

Partager cet article Repost0 &version; Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous : Vous aimerez aussi : Le soleil Les rêves Pour l'amour de Dieu Il y a les mots

Poètes D'hier

« Article précédent