Smooth Motion et Komodor aux mardis de Paimpol, quai Duguay Trouin, le 23 août 2022
michel
Sur la plage abandonnée, coquillages et crustacés, qui l'eût cru, déplorent la perte de l'été, qui depuis s'en est allé...
Doucement, Brigitte, l'été n'est pas encore mort et à Paimpol, pour le dernier mardi du Port, les organisateurs ont prévu une soirée rock sentant bon les sixties/seventies, au menu: Komodor, la perle de Douarnenez et Smooth Motion, le diamant brut paimpolais.
Des gens qui se connaissent bien, puisque deux sociétaires ( les frères Camille et Colin Goellaën Duvivier qui officient aussi sous l'étiquette Moundrag sans être des queens) du dernier nommé se sont associés à toute l'équipe du Finistère pour se produire sous l'appellation Komodrag & the Mounodor.
Paimpol se souvient de leur passage au récent Paimpol in Rock du 23 juillet, où les sept mercenaires ont fait parler la poudre et c'était pas de la trafiquée!
T'avais lu 19:30', c'est à 20h que Komodor se pointe.
On sait que certains veulent te vendre Komodor comme un logiciel pour Mac, n'écoute pas ces macaques, Komodor, ce sont cinq beaux jeunes gens, chevelus, comme on en fabriquait à la pelle à Woodstock, tu te souviens ...Peace and Love et be sure to wear some flowers in your hair.
En 2019, ils lâchent une carte de visite, un EP quatre titres, baptisé tout simplement Komodor et fin janvier 2021, paraît leur premier full album ' Nasty Habits', non, ce n'est pas une comédie, chère Glenda.
Line-up: Slyde Barnett ( Yves-Marie Cariou) , superbes fringues noires, au chant et à la guitare/ plus cool que Luke la main froide, Ronnie Calva ( Matthieu Le Moal ) à la guitare/ l'extraverti Goudzou ( Gaëtan Convert) à la basse et au chant / Elrik Monroe, aucun lien de parenté avec la copine de J F, à la batterie et le dévot Melin Lebigot à la guitare électrique ou acoustique et percussions
Entrée en matière tonitruante avec le single 'Just an escape', c'est pas toi qui t'es échappé, mais bien le petit fox de Samantha, il a cavalé comme si un essaim de frelons lui collait au cul, tellement ça cognait dur.
Un mélange de rock acide pouvant à la fois évoquer Julie Driscoll , Brian Auger & the Trinity que Moby Grape ou les Seeds et de méchant hard comme en produisait Cactus.
Trois guitares à l'unisson, ça envoie, tu y accoles un bassiste énervé et un batteur aussi redoutable que Carmine Appice, et t'obtiens une vinaigrette pas pâle.
Un son de basse Harley Davidson tournant en surrégime amorce ' Give Up', les guitares hargneuses rappliquent, tu voulais du viril, t'es bien servi.
A droite et à gauche on cite Grand Funk ou MC5, on y entend aussi du Humble Pie.
D'ailleurs ces mecs ont autant de gueule que Steve Marriott et tout ça sans faire les marioles!
Sur le disque, les gens de chez Blues Pills accompagnent Komodor pour le titre ' Still the Same' .
Bob Seger n'a pas reconnu l'enfant!
Cabrel chante ' Petite Marie', c'est pas la même gamine que Douarnenez met en musique, ' Heavy Maria' est du genre puncheuse et quand la voix prend des allures Screamin Jay Hawkins, tu te dis qu'il est l'heure pour les poules d'aller se coucher.
Le bain seventies se poursuit avec ' Debt City', une plage sur laquelle Elrik bastonne joyeusement., un des chevelus fredonne ...need to be back on the road..., celle-là est pour Kerouac.
Petit blanc pour résoudre un problème technique avant de retourner au front avec ' Set me free'.
Tu fixais Ronnie Calva depuis un moment, c'est sans doute le plus calme de la bande, mais, sans avoir l'air d'y toucher, il te balance une succession de riffs plus meurtriers les uns que les autres.
A l'arrière, le cousin de John Bonham poursuit sa tâche de bûcheron infatigable, c'est lui qui par un drumming tribal amorce ' Mamacita', un blues rock au chant pointilleux, qui te renvoie des images des Black Crowes et du Gun Club, because les accents vaudou.
Guitares et handclaps lancent ' Nasty Habits' .
Les revivalistes bretons peuvent facilement s'inscrire aux côtés des meilleurs représentants britons ou ricains pratiquant du hard psychedelic rock, on pense à The Brian Jonestown Massacre ou Kula Shaker et si tu veux faire un crochet par les Antipodes pourquoi pas Tame Impala.
Pour leurs potes, voici ' Moondrag' avant de pousser sur le champignon pour ' Through the way', un truc mixant glam et vintage rock.
Une once de boogie embellit ' Believe it' une plage épique qui picote, un bridge ' Baba O'Riley', pour les fans des Who, vient décorer la berceuse qui précède la dernière salve de ce set athlétique et juteux, ' Washing Machine Man', dont tu ressors lessivé, mais propre.
On a aimé la chorégraphie accompagnant l'essorage et les effets ronflants de la basse collée à une enceinte, Rinus Gerritsen, lui aussi, a apprécié.
Merci, Paimpol, on vous laisse un beau larsen en cadeau.
Are you ready for MC5?
Here is ' Rambin Rose' pendant lequel Slyde Barnett se paye un saut périlleux qui le voit atterrir parmi les spectateurs.
Motor City Five c'est le Michigan, à Douarnenez ce sont les sardines, la différence est minime!
Smooth MotionPaimpol en piste, François Martin (Chant, Guitare) - Louis Keromest (Basse) - Colin Goellaën-Duvivier (Batterie) - Camille Goellaën-Duvivier (Hammond) hantent les salles de concerts, festivals, bistrots, kermesses depuis plus de 10 ans, pour distiller leur rock très pourpre, pas la couleur de la pluie, mais pourpre spectral.
Avec plusieurs EP's et l'album 'Boogie Inside' dans leur escarcelle, les fluides bretons ont tapé dans l'oeil des organisateurs, et si leurs concerts se concentrent principalement là où flotte le Gwenn-ha-Du, ( oui, aussi à Nantes, honteusement volée à la région bretonne), il leur arrive de franchir la frontière.
Pour ce match à domicile, ils ont sorti le grand jeu et subjugué âge tendre, têtes de bois et hospice, la plus dingue étant une gamine survoltée de 5/6 ans.
' Rise Up' ouvre le bal.
Le truc démarre à la manière de Speed King , Miss Molly n'en revient pas encore, car le moteur n'était pas encore chaud.
Le tsunami tourbillonne pernicieusement, des vagues immenses envahissent le quai, après une courte accalmie, te permettant de recracher deux ou trois poissons dont tu n'as pas retenu la marque, les fous furieux repartent de plus belle et secouent une nouvelle fois le vieux rafiot.
T'as respiré un bon coup, eux, ils enchaînent sur 'Nobody's boogie (but my slide)',.
L'Hammond, débridé, s'en donne à coeur joie, Colin frappe comme une bête, basse et guitare ne sont pas en reste. A tes côtés, une brave dame échappée de l'Ehpad headbange à en perdre son dentier, plus posé, tu te contentes de frapper le pavé du talon.
Paimpol vibre, seul bémol, quelques pas lavés depuis au minimum 6 jours, rôdent dans les parages, sifflant un mauvais pinard quand ils n'entament pas une danse disgracieuse en écrasant des pieds au passage et en envoyant de vicieux coups de coude aux plus proches voisins.
La Sécu les tient à l'oeil, les mousquetaires ont de l'humour, avant de lâcher les palmipèdes ( 'Boogie Duck), ils entament La Paimpolaise.
Tous les canards de la terre se trémoussent sauf Donald, le lame duck, qui n'a pas encore digéré sa défaite face à un autre géronte sénile.
OK, le boogie pour toi c'est Canned Heat, Status Quo ou ZZ Top, et Baccara pour ta petite soeur, mais ceux qui tiennent le pompon, ce sont bien nos Smooth Motion, voilà un troisième morceau arborant boogie dans son intitulé, ' Atomic Boogie' ne ment pas, il est nucléaire.
Tac tac tac, Colin tambourine sur la cowbell, 'We don't know nothing '(but rock 'n roll) est sur les rails.
Mick était dans le coin et murmure It's Only Rock 'N' Roll (But I Like It), on est tous d'accord, sauf Jean Yanne!
Il faut fêter les 50 ans de Made in Japan, lance Camille ou François, ta mémoire te joue des tours gratuits, mais on ne va pas envoyer de la fumée au dessus des eaux calmes du port, on a choisi ' Burn' , non repris sur le classique du Purple.
Incroyable, Ian Gillan a retrouvé sa voix haut perchée, mais si François continue sur cette voie il va se péter les cordes vocales.
Jeanne, une pucelle?
C'était pas mon morceau préféré!
Jon Lord en roue libre sur ' Bomb the TV' , à l'arrière Carl Palmer l'accompagne avant de retrouver l'équipe au complet pour faire exploser l'écran.
Le générique de fin se lit sur ce qui reste du poste, c'est l'instant que choisit Colin Goellaën-Duvivier pour se taper un exercice solitaire comme à la grande époque, il n'a pas battu le record de Ginger Baker, mais sa force de frappe a martelé nos esprits.
Une bête, indique Josette Day, une copine de Jean Marais.
Sans pause, l' Hammond amorce une broderie fine introduisant ' Mofo' , ouille s'exclame le chanteur, mon micro a rendu l'âme, les bricoleurs du coin rappliquent tandis que les copains jamment gaiement.
Le mécanicien a déniché un nouveau Sure et c'est reparti, se succèdent ' K R O', ' Won't you boogie with me ' et ' Hemp street boogie', pour varier les plaisirs François a ramassé un sax et décore de quelques lignes mi-jazzy/mi- Steve Mackay un des derniers boogie de cette soirée effervescente.
Voilà Paimpol, cassez-vous, maintenant!
Revenez, bande de salopards, on exige un bis.
Les fidèles seront exaucés , on prend l'autoroute stellaire avec Deep Purple pour un ' Highway Star' made in Paimpol.