Titre : Les yeux perdus
Scénariste : Diego Agrimbau
Dessinateur : Juan Manuel Tumburus
Parution : Mai 2022
Ayant découvert « Les yeux perdus » par une critique dans mon magazine préférée, j’ai été immédiatement séduit par le graphisme proposé et par l’histoire glauque qui s’annonçait. Scénarisé par Diego Agrimbau et dessiné par Juan Manuel Tumburus, deux auteurs argentins que je ne connaissais pas, ce livre a de beaux arguments pour se faire remarquer. Le tout est un one-shot de 78 pages publié chez Dargaud.
L’horreur avec des yeux d’enfants
Pendant la guerre de 14-16, des enfants viennent à la rescousse de soldats égarés ou blessés et les emmènent à leur orphelinat. Mais au lieu de les aider, ils les mangent. C’est la seule solution qu’ils ont trouvée pour survivre. Après ce pitch assez glaçant, l’histoire va révéler d’autres surprises plus horribles encore.
« Les yeux perdus » se classe clairement dans une dimension horrifique. En cela, il ne fait pas dans la dentelle en nous jetant dès les premières pages dans cette histoire d’enfants cannibales. L’ensemble se construit sur un trio, les seuls orphelins encore vivants. Si leur chef semble prendre plaisir à cuisiner des humains, les deux autres sombrent dans la dépression et cherchent un moyen de survivre. Mais comment survivre quand on est si jeune et entouré de batailles sanglantes ?
Si le livre joue sur beaucoup de ressorts horrifiques classiques (comme les poupées que l’on voit sur la couverture), le tout est distillé intelligemment au fur et à mesure du livre. En choisissant de dévoiler directement l’horreur, les auteurs se permettent alors de mener leur histoire ailleurs, d’y ajouter de la folie afin de bien nous embarquer. En cela, c’est réussi et les surprises et rebondissements font leur petit effet.
Cet ouvrage tient évidemment beaucoup de son graphisme très réussi. Proche de la peinture, élégant, beau et représentant parfaitement la misère et l’horreur, il arrive à trouver le difficile équilibre du genre. Cela donne envie de se pencher sur la bibliographie du dessinateur. Mais cela fonctionne aussi car son dessin est en parfaite adéquation avec le scénario. Les deux auteurs se sont bien trouvés et leur symbiose donne un plus au bouquin.
« Les yeux perdus » n’est pas à mettre en toutes les mains. Son histoire prenante et ses graphismes magnifiques et bien dosés en font une lecture de grande qualité. Voilà un one-shot maîtrisé de bout en bout qui, tout en étant riche, ne nous impose pas 150 pages de lecture.