Natixis va augmenter
son capital
B. B.17/07/2008 | Mise à jour : 09:09
L'action de la banque dirigée par Dominique Ferrero a plongé de 63 % depuis le 1er janvier. Crédits photo : Pascal SITTLER/REA
La banque, filiale des Banques populaires et des Caisses d'épargne, va augmenter son capital sur fond de déroute en Bourse.
Natixis est soumis depuis quelques semaines à une pression intolérable. En Bourse, son action a dévissé de 27 % au cours des cinq dernières séances. Depuis le 1er janvier, la chute est de 63 %. À moins de 5 euros à la clôture d'hier, le cours représente une perte considérable pour les actionnaires qui avaient souscrit à la création de la banque, en décembre 2006, au prix de 19,55 euros par action.
Si l'action a autant chuté ces derniers jours, c'est que les investisseurs anticipent une augmentation du capital de la banque détenue à 68 % par les Banques populaires et les Caisses d'épargne. Hier, en fin de journée, les conseils des trois groupes bancaires devaient, selon une source proche du dossier, se réunir pour arrêter le principe d'une opération.
Natixis sera la troisième banque française, après la Société générale et le Crédit Agricole, à faire appel au marché. Mais la banque risque de réaliser cette opération, en septembre, dans un contexte encore plus déprimé.
L'augmentation de capital est devenue indispensable. Pour maintenir sa solvabilité au niveau exigé par le régulateur au moment même où celle-ci est dégradée par les provisions liées à la crise du subprime et qui s'annoncent lourdes au deuxième trimestre , Natixis a besoin de capitaux propres frais. Les avances d'un total de 2,5 milliards d'euros que lui ont faites ses deux grands actionnaires doivent être converties en capitaux plus pérennes. L'émission de titres hybrides un temps envisagée n'est plus d'actualité. Seule l'augmentation de capital peut donc restaurer la solidité de la banque. À condition de convaincre le marché d'apporter au moins 1 milliard d'euros aux côtés de l'effort consenti par les Banques populaires et l'Écureuil.
Changement de braquet
Ceux-ci ont déjà avancé les fonds. L'opération aura cependant un effet comptable dans leurs bilans car elle risque d'impliquer une certaine dépréciation de la valeur à laquelle les deux groupes comptabilisent chacun leur participation dans leur filiale.
D'autant plus que celle-ci devrait, en même temps qu'elle publiera ses résultats semestriels, fin août, annoncer un changement de braquet en banque de financement et d'investissement. Dans les mois et les années à venir, la banque mettra l'accent sur ses activités moins connues mais plus récurrentes comme la gestion d'actifs, les services ou l'assurance.
La bourrasque qui secoue Natixis ne manquera pas de relancer le débat sur la pertinence de son modèle inédit de structure partagée entre deux maisons mères mutualistes. Les Banques populaires et les Caisses d'épargne, qui furent à couteaux tirés en des temps plus favorables, font aujourd'hui bloc. Notamment pour confirmer leur confiance au directeur général de Natixis, Dominique Ferrero.