Aujourd’hui, j’enquête sur Res

Publié le 30 juillet 2008 par R0udy

Laissez-moi donc ce soir vous balader sur l'inconcevable chemin qui m'a mené ô non pas à Rome, mais à cette fabuleuse voix que celle de Res. Vous allez vivre un passionnant voyage à travers les méandres austères du hip-hop first class, passant des bas-fonds tout juste fréquentés du Wikipedia américain aux allées tantriques d'Amazon.com, n'hésitant pas à sélectionner parmi les plus remarquables des infinies invitations Youtubesques.

Tout a commencé avec ma maniaquerie quant au classement de ma librairie iTunes. Comme vous le savez, j'aime bien le rap de Talib Kweli (1), j'apprécie les inspirations musicales profondes (2), et comme vous ne le savez probablement pas, je suis dans ma période Madlib (3) depuis avoir réussi à saisir l'intensité de sa prod The Healer sur le dernier Erykah Badu. Mon esprit largement scientifique a ainsi synthétisé les données (2) et (3) non pas en un simpliste (4), mais plutôt en un graduel (1a), décrétant une fouille approfondie de la biographie de l'aîné d'Oh No pour éventuellement y découvrir ses artistes favoris, voire soyons fous, plus de ses délectables expérimentations mélodiques. C'est à cet instant que le téléchargement de Shades of Blue a débuté, parce que je suis un sale misfit radicalement affranchi de la compulsion de l'achat à chaud. J'ai profité de la dizaine de minutes nécessaire à l'opération pour réorganiser les tracks de Kwe, et me suis rendu compte que je possédais déjà deux albums collaboratifs du type pour une carrière relativement courte de neuf ans. Déclic illuminé : (1)+(1a)=(2a) ! Limite logique. Et si Talib et Beat Konducta s'étaient déjà associés ?! Refouille, putain de trouvaille : 2007, Liberation, un EP offert une semaine durant à la gigantesque communauté Myspace. Je m'empresse de trouver le truc, l'écoute… Ca démonte, comme prévu. Pour l'anecdote, la version par la suite commercialisée a vu sa pochette pasticher le récemment démystifié Bansky :

Un de mes plus vilains défauts reste la curiosité. Je suis donc retourné sur Wikipedia explorer cette fois la discographie du plus struggling des MC new-yorkais, histoire de voir si de quelconques projets se seraient concrétisés depuis l'excellent Eardrum sorti l'année dernière. Effectivement, une suite au superbe Reflection Eternal, qui l'avait associé au producteur Hi-Tek le temps d'un volume complet en 2000 devrait voir le jour d'ici peu, de même qu'Idle Warship, un disque partagé avec une certaine Res. Une track vraiment prometteuse et son sample d'Alicia Keys ont leaké :

Seulement, les vidéos relatives affichent Nas Feat. Res - Ice King. La fille doit donc être un minimum reconnue, a dû produire au moins une mixtape, une compilation… Amazon mentionne How I Do, un debut et unique album daté de 2001, et suggère juste en dessous :


Ouh shhht, need ce truc. Aussi tôt pensé, aussi tôt googlisé, je détiens une copie vaguement légale de l'enregistrement dans les cinq minutes ; entre la neo-soul et le rock, les mélodies sont agréables, labellisées crépuscule du 20ème siècle plutôt qu'aurore du 21ème, et me rappellent un peu Aaliyah sans que je sache réellement pourquoi :

Histoire de le préciser, j'ai tenté de mener l'enquête avec le surbuzzé Cuil, le moteur de recherche qui passe au 20 heures parce qu'il ose concurrencer Google sur son domaine de prédilection. En bref, Cuil ne mène à rien ; et j'imagine que si Cuil menait, il se ferait racheter la face par la firme à lunettes dans la demi-heure.

Les enfants, notre récit touche à sa fin. Vous en retiendrez l'essence moralisatrice : internet, quoi qu'on en dise, constitue une inépuisable source culturelle pour quiconque un minimum fouilleur, mais sérieusement, c'est une vraie île de la Tentation du débit bancaire. Ou un Loft Story, selon votre rapidité de connexion.

Ou les deux.

Putain.