LE MONDE
Deux policiers condamnés à neuf mois de prison pour violences hors service
12.08.08 | 19h46
Le tribunal correctionnel de Douai (Nord) a condamné mardi deux policiers à neuf mois d'emprisonnement chacun et à 3.000 euros de dommages et intérêts pour avoir commis des violences sur un jeune homme en juin alors qu'ils n'étaient pas en service.
Dans la nuit du 13 au 14 juin après une soirée arrosée, un policier avait vu sa voiture incendiée à Lallaing (Nord), peu de temps après une altercation avec un groupe de jeunes.
Appelant à la rescousse un collègue qui était également de repos, le policier avait ensuite retrouvé un jeune de la bande. Les deux fonctionnaires de police de 39 et 38 ans l'avaient ensuite roué de coups de pieds et de poings avant de l'emmener de force en voiture.
Les violences avaient continué dans le véhicule pour lui arracher des aveux sur sa participation supposée à l'incendie. Le jeune homme, qui avait fini par s'échapper, s'était vu prescrire quatre jours d'incapacité totale de travail. L'enquête a révélé qu'il ne s'agissait pas de l'auteur de l'incendie de la voiture du policier.
Placés sous contrôle judiciaire avec interdiction d'exercer, les deux prévenus avaient reconnu les faits. "J'étais abattu", a déclaré mardi au cours de l'audience le policier propriétaire du véhicule incendié.
La substitut du procureur avait requis un an d'emprisonnement dont six mois avec sursis. "Quand on est policier, on doit avoir un comportement exemplaire. Ces policiers ont adopté un vrai comportement de voyous", a-t-elle déclaré.
Les policiers feront appel, a indiqué leur avocat. Leur peine est synonyme d'une révocation de la police.
"C'est une décision sévère, difficilement compréhensible", a déclaré à l'issue du jugement, l'avocat des policiers, Me Alain Cockenpot. "Le tribunal a mis une peine qui se justifiait si les violences étaient policières, or les faits sont détachés du service", a-t-il ajouté.
L'avocat de la partie civile, Me Xavier Denis, avait souligné dans sa plaidoirie que l'objectif n'était "pas de casser du flic et de hurler à la bavure".
Après le jugement il a évoqué un "soulagement" de la "reconnaissance de la qualité de victime" de son client. Selon lui, "la justice a fait son travail, en condamnant d'une peine, certes sévère, un comportement inacceptable".