Histoire de me dépayser : je lis les essais de Montaigne.
Montaigne fait le même exercice que ce blog. Il prend des sujets et se demande ce qu'il faut en penser. De l'amitié à la cuirasse, tout y passe !
Jugement ou vanité du jugement ? Un mot revient sans cesse : "fortune", c'est-à-dire "hasard". La raison humaine, dont l'homme est si fier, est un leurre. L'homme est le jouet des événements, et de ses fantasmes. L'homme est un clown. D'ailleurs, à le bien considérer, l'animal est plus raisonnable que lui.
Cela devrait conduire Montaigne au désespoir. Comme Pascal, il ne devrait voir qu'une issue : se jeter dans les bras de la religion.
Montaigne est tenté. Mais, outre que la multiplicité des religions n'a rien de rassurant, il semble tout de même extrêmement content de lui et de sa vie : il se donne sans cesse en exemple.
Serait-ce la leçon des essais ? Il y a quelque-chose, au delà de la raison, qui est le véritable bien ? Un sentiment qui fait que la fortune (et la mort) ne nous inquiète plus ? Et cela émerge de l'agitation de la raison, et des contradictions qui lui sont inhérentes, dans tous les sens ?