Magazine Bien-être
« Mais où sont passées Ou sont passées les lumièresQui nous guidaientPeut être étions nousPeut être étions nous trop fiersPour baisser la tête … »Gérard Mansetje m’incline plusieurs fois par jour non seulement je m’inclinemais pour tout dire je me prosterne plusieurs fois par jourface contre terre. parfois je joins les mains parfois pasparfois je mets un genou en terre vite fait il m’arrive même de juste me fendre d’un léger signe de tête en passant devant mes statues portraits icônes et autres représentations du Plus Grandléger signe de tête ,genou en terre vite fait , pleine prosternation j’ai fait ça toute ma vie et très tôt à six ou sept ans je me prosternais dans ma chambre au pied de rien ni personne en particulier . je comptais les prosternations je me promettais ou plutôt promettais à je ne savais qui exactement en tout cas au Plus Grand dont la présence était évidencede m’acquitter d’un nombre donné seulement voilàil fallait aussi jouer s’amusersi bien que j’accusais constamment un retard de prosternationsje m’en accommodaissachant que, de toutes façons on est toujours en déficit de prosternations inclinaisons genoux à terre et autres redditions face au Plus Grandvoilà donc bien longtemps que je fais ça et cela ne m’a somme toutepas trop mal réussij’ai connu quelques épreuves toutes proportions gardéesune pléiade de moments pas évidents à négocier je n’ai jamais cessé de me prosterner. aujourd’hui presque vieux pas mal apaisé je persiste dans ces dispositions de prosternation chronique nulle intention de me faire soigner de toutes façons il est bien trop tard et je le rediscette maniene m’a pas trop mal réussiremarquezje connais quantité de gens pour qui se prosterner est hors de questionils ne veulent ni s’incliner ni baisser la têteni se lever en présence d’une autorité porteuse d’un peu de Plus Grandd’autorité ils ne reconnaissent ne servent et ne proclament que la leur celle de leur ultime valeur de qu’ils croienten toute sincérité et toute rage contenue mais pas moins désespérée être leur liberté ah liberté dont ils écrivent à tout bout de chample nom sur le mur de leur moi si farouche si ombrageux leur moi si procédurier si facilement indigné ce moi qu’ils veulent si vertueux si souverain si malin …leur uniqueSeigneur et Maître bref
ils ne se prosternent ni ne s’inclinent ni ne se lèvent ni même ne mettent genou à terre face encore moinsmordre la poussière risquerait de leur rappeler que poussière ils retourneront poussièrelibre à eux et quand je les regarde sans qu’ils y prennent garde quand je les vois si transparents si prévisibles à ce point aux abois bardés de tant et tant de boucliersje me dis c’est dommage ça leur ferait du bien de s’incliner de se prosterner de se lever de mettre un genou en terre ou même de faire un petit signe de tête mains jointes ou pas face au Plus Grand de temps en temps
Gilles Farcet************