Les Viagra Boys sont devenus en l'espace d'à peine deux ans - depuis le second disque "Welfare Jazz" sorti au début de l'année 2021 - l'un des meilleurs groupes de rock actuel. Ni plus ni moins. Si leur précédent album montrait déjà une belle maîtrise, mais avec des influences encore très marquées et assez dans l'air du temps, le revival "post-punk", "Cave World" est un incroyable bon en avant, une claque comme on en reçoit peu. Un truc qui pourrait rappeler tout de même le "Fun House" des Stooges, un rock complètement débridé, qui cavale à toute berzingue, en se fichant bien mal des étiquettes. Les Viagra Boys sont déjà sur le papier un groupe à part : un leader américain, Sebastian Murphy, ultra charismatique, tatoué de la tête au pieds, qui emmène une bande de suédois frapadingues, plus âgés qu'il n'y paraît. Leurs concerts sont paraît-il des expériences en soi, véritables déluges sonores, emportant tout sur leur passage, nous obligeant à retrouver notre instinct animal et à beugler en choeur comme des ânes. Le groupe a connu en octobre de l'année précédente la perte de leur guitariste. Depuis, ils ont dû apprendre à faire sans, privilégiant d'autres instruments, le saxo par exemple - d'où la ressemblance avec "Fun House". "Cave World" est aussi un cri politique, sur notre monde post-covid, sur notre société auto-centrée, complotiste. La pochette parle d'elle-même. Vous trouvez que j'en fais trop ? Il y a encore plus enthousiaste ici. Le temps fera son oeuvre et nous dira si nous avons eu raison. En tout cas, voilà une belle raison de croire que non, le rock n'est pas encore mort et a des choses à dire. Et même si, pour prendre son pied, il a besoin de viagra.