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Natacha Polony a écrit un article intéressant qui qui pose le dilemme des libertés individuelles face à la stabilité de l’État. L’idée générale serait ceci : faut-il dans certaines circonstances entraver les droits individuels pour préserver la société ? En fait, c’est une question essentielle. Sa réponse est complexe.
Il ne s’agit pas d’une réflexion nouvelle, on la connaît déjà à travers les écrits de Jean-Jacques Rousseau, spécialement dans le contrat social. En effet, Rousseau pose le problème suivant : Les humains naissent égaux, mais finissent dans les fers. Partant de ce constat, il propose un modèle social qui permet, justement, à travers un contrat voulu par le peuple, de donner à la société sa stabilité. C’est-à-dire, faire en sorte que l’individu ne revient pas aux servitudes.
Rousseau pose le problème des dissidents qui voudraient entraver ce contrat social chèrement acquis. Rousseau dit qu’il faudrait les forcer à la liberté, et s’il persistent dans leurs entreprise, leur mise à mort. En d’autres termes, sacrifier le droit des individus pour celui de la communauté. C’est l’essentiel de la réflexion de Natacha Polony.
Cette position de Jean-Jacques Rousseau a indigné plus d’un. En particulier Michel Onfray. Or justement cette thématique ancienne revient avec force dans les pays démocratiques depuis quelques décennies avec la montée du terrorisme lié à certains groupes religieux musulmans. Elle s’était posée auparavant avec la montée du communisme.
Madame Polony déclare que la France risque de perdre tout ce qu’elle a acquis depuis le siècle des Lumières. Il s’agit d’une affirmation autant intéressante qu’éloquente.
Sur ce point précis, je ne suis pas d’accord avec elle. Les acquis, la France les doit avant tout et surtout à l’ancien régime. Au contraire, les philosophes des lumières ne sont que les précurseurs de la tyrannie intellectuelle, de la pensée unique, ainsi que la cancel culture. En ce sens, je vous invite à vous procurer mes livres de ma collection, la liberté de penser autrement.
Cette déclaration porte en elle sa propre contradiction. Si, effectivement, le siècle des Lumières avait apporté la démocratie, ainsi que l’esprit critique à la France, dès lors comment serait-il possible à un Imam, ou à un groupe de personnes de la remettre en question aussi aisément ?
Dans l’état actuel de la France, qui n’est pas réellement une vraie démocratie, la réponse est sans équivoque oui, cela est possible. Effectivement, nous le savons, le mouvement féministe en quelques jours a complètement déstabilisé la France.
Donc, le danger de déstabilisation de la démocratie est bien existant. L’expulsion de cet imam semble justifiée. La fin justifie les moyens.
Cependant, dans l’état actuel de la cancel culture, de la tyrannie des intellectuels, de la standardisation de la pensée, il faut se garder de toute précipitation. L’atteinte au droit individuel en démocratie entraîne souvent des conséquences imprévisibles.
On l’a vu dans un passé qui n’est pas tellement lointain, avec les tribunaux spéciaux anticommunistes aux États-Unis. Les conséquences de cette période persistent.
Le problème essentiel est que l’expulsion d’une seule personne, en l’occurrence l’imam marocain, ne changera rien à la sécurité de l’État. Pour la garantir, il faudrait des milliers d’expulsions. C’est un retour à l’inquisition et au maccarthysme.
Pire, lorsque l’on permet l’aliénation des droits individuels, on ouvre automatiquement la voie à tous les abus et aux dépassements de pouvoir.
Justement, il survient un phénomène assez grave en Europe avec le retour des dictateurs. Voulu par le peuple. En effet, pour préserver les identités, se met en place tout un système de penses extrêmes avec recours au harcèlement ce ceux jugés comme ennemies de la République. Comme l’imam. Et par extension l’ensemble de musulmans.
Le cas en Hongrie avec Victor Urban est exemplaire.
Il serait complètement insensé de croire que pareil comportement épargne la France. La montée des partis de l’extrême droite, le parti reconquête Éric Zemmour, l’élection des députés de Marine Le Pen, ne sont que le témoignage du retour de démons, toujours possible. Tous ces mouvements ont pour point commun, museler les droits individuels pour préserver la nation.
Des interrogations sont fondées :
– Qui décide des limitations des droits individuels ?
– Quels sont les arguments pour aliéner les droits d’une personne ?
Dans certaines circonstances il est aisé de trancher. Il n’y a aucune raison, en effet, d’accorder le moindre droit individuel à des terroristes. À première vue, mais c’est un débat tout aussi important.
En dehors de ces cas évidents, il existe tout un ensemble de circonstances qui peut inclure l’intellectuel prolifique et contestataire, mais pareillement, le simple citoyen rebelle.
Il n’y a pas si longtemps, sous Mitterrand, on a vu les droits d’intellectuels bafoués par des écoutes téléphoniques et par de petits arrangements.
Une réponse logique serait de préparer une nation à ne pas subir d’influences. Paradoxalement, la démocratie, en particulier française, par le truchement des élections et par le désir de se faire réélire, implique que l’on fait tout pour empêcher la montée des esprits critiques. C’est la démocratie dévoyée par ses élus. C’est quelque chose que j’explique de façon didactique dans mes livres, la fabrique du choc des civilisations ; la fin de l’histoire n’aura pas lieu. Ce sont des critiques des théories de Francis Fukuyama et de Samuel Huntington.
À la limite, dans une dictature absolue, il est très difficile pour un groupe de personnes de provoquer la moindre perturbation dans les sociétés.
Pour conclure, le fait même que cette journaliste pose cette question en ces termes, est un constat d’échec et une remise en question de l’apport supposé du siècle des Lumières.
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