par Isabelle Quéval Philosophe
Le corps n'est plus subi, il est créé,
libéré des aléas de la nature.La philosophe analyse ce bouleversement et
ses conséquences sur nos vies. Exalté et tyrannisé à la fois, le corps est
devenu une obsession contemporaine.
Avant, le corps était mortel. Qu'il soit l'enveloppe d'une âme
immortelle ne changeait rien à l'affaire : un corps, c'était ce qui
nous était donné une fois pour toutes et nous rappelait l'inévitable
dépérissement de la vie et la finitude humaine. Et nous n'y pouvions
rien. En quelques décennies, à mesure que progressaient à la fois
l'individualisme et la médecine, le corps est devenu le tout de notre
existence et de notre identité. Il nous appartient aujourd'hui de
l'entretenir, le soigner, le sculpter, l'améliorer, avec la santé
éternelle en guise de fins dernières de l'homme. C'est d'abord dans le sport que la philosophe Isabelle Quéval,
elle-même ancienne joueuse de tennis de haut niveau, avait analysé cet
idéal d'accomplissement de soi (S'accomplir ou se dépasser, essai sur le sport contemporain, éd. Gallimard, 2004). Dans son nouvel essai, Le Corps aujourd'hui, elle
observe la prodigieuse révolution que nous sommes en train de vivre :
substituer au hasard de la nature et au corps subi la maîtrise
enivrante et culpabilisante d'un corps choisi. Catherine Portevin-7 Août 2OO8-Télérama n° 3056-N°double-Lire la suite...
Un entretien en introduction d'un TELERAMA EXPLORE LE CORPS